En toute discrétion

Alors qu’il n’était même pas encore nommé président de la fondation pour l’Islam de France, Jean-Pierre Chevènement a réussi à rassembler les railleurs contre lui en recommandant aux musulmans d’observer une certaine discrétion. En gros, on imagine que cela voulait dire : « cachez ce burkini que je ne saurais voir ». Comme si la question de la place de l’Islam en France se résumait à une pratique vestimentaire et qu’il suffisait que les musulmans, et surtout les musulmanes, fassent profil bas pour être reconnus et acceptés dans la société française.

Ou, pour le dire autrement, que les Français « de souche » seraient déjà bien gentils de leur confier les tâches subalternes et qu’ils devraient s’estimer satisfaits d’être des citoyens de seconde zone. Il va de soi que le Che ne soutient pas personnellement les thèses racistes défendues par le Front national, mais il devrait prendre garde au sens des mots, d’autant plus qu’il n’a pas automatiquement en tant que laïc et républicain la légitimité pour représenter et défendre les musulmans. Sur le principe même de cette discrétion demandée aux seuls musulmans, il serait bon d’analyser les récents évènements qui ont conduit la population d’origine asiatique à descendre dans la rue pour protester contre le racisme dont ils sont victimes et qui a abouti à la mort d’un couturier à Aubervilliers. Voilà une communauté connue pour ne pas faire de vagues, dont les enfants s’adaptent bien à l’école, les adultes sont travailleurs, bons voisins et tout ce que vous voudrez, mais qui se trouve néanmoins souvent en butte à l’ostracisme et doit maintenant subir des agressions racistes au motif de leur réputation de conserver de fortes sommes en liquide sur eux.

En revanche, la discrétion ne semble pas être le point fort des supposés terroristes qui ont abandonné un véhicule près de Notre Dame à Paris, dans une rue interdite au stationnement, sans plaques d’immatriculation, et, pour faire bonne mesure, avec les warnings allumés. Ajoutons, pour être complet, une bouteille de gaz vide sur un siège et il ne manquait plus qu’une pancarte indiquant : « oh ! les gars, ça va péter ! ». Fort heureusement, aucun dispositif de mise à feu n’était installé pour faire sauter les 5 bouteilles, pleines celles-là, retrouvées dans le coffre avec des réserves d’essence. S’il s’agissait de tester la réactivité des forces de police, la démonstration aura été édifiante : il n’aura pas fallu moins de 3 ou 4 signalements et plusieurs heures d’attente pour que le service de déminage vérifie le véhicule. Pas très rassurant, tout ça.