Entre les lignes
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 30 juillet 2016 10:44
- Écrit par Claude Séné
Je me faisais l’écho, ici même, des doutes concernant la mort d’Adama Traoré au cours de son interpellation à Beaumont-sur-Oise et la méfiance instinctive de la famille et de la population à l’égard des conclusions officielles sur ce décès, tendant à mettre hors de cause les forces de l’ordre. Après deux autopsies, la cause de la mort n’est toujours pas clairement établie. L’infection dont aurait souffert Adama Traoré ne serait pas en mesure d’entraîner une mort immédiate, et l’insuffisance cardiaque avancée en première instance a été démentie depuis. Tout au plus, le procureur avance qu’on ne peut pas exclure une cardiopathie subite.
La vérité, comme le diable, se niche peut-être dans les détails. Il faut apprendre à lire entre les lignes pour tenter de comprendre ce qui a pu se passer. La seconde autopsie confirme bien l’absence de preuve de violence ayant entraîné directement la mort, mais fait état de lésions cutanées au cuir chevelu, au front et à l’épaule. Par ailleurs, les gendarmes ont indiqué avoir dû employer la force pour maîtriser le jeune homme, spécifiant qu’il avait été plaqué au sol sous le poids des trois fonctionnaires. L’avocat de la famille en conclut qu’Adama Traoré a pu être victime d’une compression thoracique ayant causé une asphyxie, constatée par les deux autopsies.
Cette hypothèse fait penser à cette autre affaire, qui s’est déroulée aux États-Unis en juillet 2014. Un vendeur noir de cigarettes à la sauvette est interpellé par la police new-yorkaise. Alors qu’il s’oppose sans violence à son arrestation qu’il juge sans motif, il est saisi au cou par-derrière et plaqué au sol par plusieurs policiers, qui l’y maintiendront sans ménagements pendant de longues minutes bien qu’il se plaigne de ne plus pouvoir respirer, avant de perdre connaissance. Il est déclaré mort à son arrivée à l’hôpital. À la différence de l’affaire d’Adama Traoré, toute la scène a été filmée et largement diffusée sur Internet, ce qui n’empêchera pas le policier blanc, auteur de l’étranglement, d’être mis hors de cause par un grand jury.
Il n’y aura pas de troisième autopsie, malgré la demande de la famille. Elle a été refusée par le procureur de la République, qui craint visiblement que de nouvelles révélations infirment sa thèse de mort naturelle malgré toute son application à dissimuler sous des termes techniques ce qui ressemble quand même fortement non pas à un passage à tabac en règle, mais à une interpellation musclée qui aurait mal tourné.
Commentaires