Brexit cherche leader, désespérément
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 5 juillet 2016 10:37
- Écrit par Claude Séné
Un peu moins de la moitié des Anglais s’était réveillée avec une gueule de bois carabinée au lendemain de la victoire surprise des partisans de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. L’autre moitié est en train de se demander si on ne l’aurait pas menée en bateau. En toute logique, ce devrait être au camp qui a gagné de mener les négociations de sortie, puisque David Cameron estime qu’il est mal placé pour le faire, ce dont on ne peut pas le blâmer. Seulement, les principaux artisans de la campagne du non à l’Europe ont découvert subitement qu’ils avaient des tas de choses plus urgentes à faire que d’assumer les conséquences de leurs actes.
Le premier à découvrir qu’il avait piscine pendant les prochains mois, voire les prochaines années, a été Boris Johnson, l’excentrique ancien maire de Londres, dont la popularité a chuté au point de se faire huer dans son propre quartier. Avec une candeur déconcertante, il explique aux gogos qui l’ont suivi qu’il ne pouvait pas, vu les circonstances, être la personne qui dirigerait le pays dans la sortie. Très précisément, c’est Boris Johnson lui-même, lâché par ses soutiens, qui se dirige vers la sortie. En ce moment, l’histoire du parti conservateur est en passe de reléguer la saga des Borgia au rang d’aimable bluette. Depuis Cameron jouant sa survie sur un coup de dés perdu, trahi par Johnson, lui-même lâché par le ministre de la Justice, les coups bas n’ont cessé de se succéder. Et il y a de fortes chances que ce soit Theresa May, qui a soutenu le maintien sans faire activement campagne, qui soit désignée pour succéder au Premier ministre.
L’autre grande surprise, c’est le départ de Nigel Farage, qui avait reconnu, dès l’annonce des résultats du référendum, qu’un grand nombre d’engagements pris pendant la campagne ne pourraient pas être tenus, notamment la redistribution de crédits destinés à l’Europe, en faveur de la sécurité sociale. « C’était une erreur », reconnait-il en en guise de justification. Le président du parti europhobe Ukip n’assumera pas la gestion du Brexit, dont il a été un des principaux artisans. Il ne semble pourtant pas décidé à renoncer à ses fonctions de député européen avant d’y être contraint, et sa conscience ne devrait pas l’amener à refuser la retraite afférente à une fonction qu’il n’a cessé de dénigrer. Pendant que les rats quittent le navire, beaucoup de Britanniques pleurent sur le lait renversé en réalisant à quel point la campagne a été mensongère, et en constatant l’impréparation de ceux qui leur ont vendu une sortie vers un champ de roses et de miel, très éloigné de la réalité.