Habillé pour l’été

Alors comme ça, mon petit Emmanuel (tu permets que je t’appelle Emmanuel ?), tu n’aimes pas que l’on te tutoie ? Tu trouves que c’est manquer de respect à un ministre ? Parce que tu t’imagines qu’il suffit de vouvoyer quelqu’un pour le respecter ? Tu me rappelles ces gamins d’école primaire que l’on essayait de sensibiliser au respect mutuel pour favoriser une notion très à la mode à cette époque, le « vivre ensemble ». Ils comprenaient bien qu’on leur demande de respecter les adultes, mais n’imaginaient pas un instant pouvoir être respectés par eux.

En fait, ils confondaient respect et loi du plus fort. Si tu es le plus faible, tu t’écrases. Le plus costaud peut te tutoyer tant qu’il veut, toi, tu le vouvoies. Mais ce n’est pas le plus grave dans ce « costardgate », ce n’est que l’aveu de faiblesse d’un ministre qui sait qu’il a fait une boulette en enjoignant à un militant de travailler s’il voulait se payer un costard comme le sien. C’est bien joli de se mêler au peuple, mon petit Emmanuel, quand on vient d’un milieu où les fins de mois ne durent pas 30 jours, mais on se met à la merci du premier effronté qui critiquera tes signes extérieurs de richesse. Et encore, on ne savait pas à ce moment-là que tu aurais dû payer l’impôt sur la fortune, sans une certaine sous-évaluation de ton patrimoine. Une erreur qui sera réparée bientôt, mais qui la fiche mal pour quelqu’un qui veut supprimer cette taxation. Tu ne serais pas un peu juge et partie, dans cette affaire ? Et les conflits d’intérêts, tu connais ?

Il fallait vraiment que tu sois à court d’arguments pour faire appel au respect dû à la fonction, quand tu t’assois sans complexes sur les revendications des salariés et que tu multiplies les provocations libérales. Je ne sais pas si tu as vu le film « les cadavres ne portent pas de costards », tu n’avais que 5 ans à sa sortie. Il mêle habilement des extraits de films noirs célèbres avec une intrigue nouvelle, permettant au héros de dialoguer avec Humphrey Bogart ou Burt Lancaster. Comme ce film, mon petit Emmanuel, tu es un collage, un patchwork qui reprend les vieilles recettes libérales en les habillant au goût du jour. Sous une apparence moderne et décontractée, tes vieux réflexes de classe ne sont jamais loin, depuis les « illettrées » de Gad jusqu’à la dure vie d’entrepreneur en passant par le rêve de devenir milliardaire. Ça va finir par se voir.

Commentaires  

#1 jacotte 86 01-06-2016 11:01
il n'a pas que des amis au service des impôts ce petit Emmanuel... personnellement j'en suis ravie et trouve qu'il y a une justice "fiscale" qui rattrape les grands comme les petits dont je suis .
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