Avis de décès
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 30 avril 2016 10:49
- Écrit par Claude Séné
La famille et les proches du lobby des industries phonographiques et cinématographiques, autrement connues sous le terme de « major compagnies », ont le regret et la douleur de vous faire part du décès programmé de la future défunte haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet, la HADOPI. Elle sera en effet débranchée le 4 février 2022, date de la fin du mandat du plus récent de ses participants. D’ici là, elle continuera à être maintenue dans une vie végétative, et à émarger au budget national pour rémunérer ses membres et leur éviter de pointer au pôle emploi.
La HADOPI, imposée aux forceps sous la présidence Sarkozy en 2009, Frédéric Mitterrand étant ministre de la Culture, devait mettre fin au piratage des musiques et des films, en devenant le gendarme de la toile, traquant sans pitié l’adolescent boutonneux qui croyait que ce qu’il entendait gratuitement sur NRJ pouvait se retrouver sur son iPod sans faire de tort à qui que ce soit. Le malheureux était la cause de la ruine d’artistes prestigieux comme Johnny Halliday, privé des ressources qui lui permettaient de rester propre et de garder une certaine dignité. Enfin, pas lui, mais certainement d’autres, moins connus.
Le bilan de l’activité de la HADOPI reste cependant très mitigé : après avoir envoyé 5 millions et demi de mails d’avertissements et repéré 550 000 internautes récidivistes, 400 dossiers ont été transmis au parquet, et seuls 32 internautes auraient été sanctionnés d’une amende en 2015. Et cela malgré le travail acharné de 52 fonctionnaires pour un budget annuel de 6 millions d’euros. Détail piquant, le premier logo de la HADOPI a dû être retiré, car il utilisait, sans autorisation, la même typographie que France Télécom. L’arroseur arrosé, en quelque sorte. Après avoir fait grand bruit à sa création, la montagne a accouché d’une souris et va s’éteindre dans l’indifférence générale. Au point que sa disparition a été votée par l’Assemblée nationale au détour d’un amendement écologiste à une proposition de loi sur les autorités administratives indépendantes. Le résultat du vote est édifiant, puisque le texte a été adopté par quatre voix contre trois, malgré l’avis défavorable de Jean-Vincent Placé, au nom du gouvernement. De quoi alimenter un antiparlementarisme constant, qui fait le jeu de l’extrême droite. Il serait urgent de réformer le fonctionnement des institutions de la République pour éviter ces images catastrophiques d’un hémicycle vide. En premier lieu en allégeant le programme législatif de textes dont l’utilité est douteuse afin de réduire la durée des sessions en évitant le travail de nuit.