La parole est à la défense
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 29 avril 2016 10:15
- Écrit par Claude Séné
En démocratie, tout accusé, fut-il apparemment le plus abject, même s’il revendique ses actes, doit être présumé innocent jusqu’à preuve du contraire, ou condamnation par une instance régulière à la suite d’un procès équitable, et a le droit d’être assisté par un ou plusieurs défenseurs. C’est donc le cas pour Salah Abdeslam qui vient d’être transféré à Fleury-Mérogis dans l’attente de son procès pour sa participation aux attentats de Paris en novembre dernier. C’est Franck Berton, un pénaliste de renom, qui a accepté d’assurer la défense de cet accusé très particulier pour la partie française de l’affaire.
La presse, reflétant en cela la perplexité de l’opinion, n’a pas manqué de poser à l’avocat la question de conscience, en lui demandant s’il pouvait faire preuve d’empathie avec son client, impliqué dans des actes de terrorisme qui ont bouleversé la France entière et une grande partie du monde occidental. La référence absolue en la matière reste l’hypothèse de devoir assurer la défense d’Adolf Hitler, s’il ne s’était pas suicidé dans son bunker en 1945 et qu’il ait été retrouvé quelque part en Amérique du Sud en compagnie d’Elvis Presley. Car il est bien connu que lorsqu’une discussion dure assez longtemps, selon la loi de Godwin, les interlocuteurs finissent par s’accuser de complaisance envers le nazisme. Pendant longtemps, et jusqu’à sa mort en 2013, le spécialiste des causes difficiles était Jacques Vergès, dont la personnalité mystérieuse et controversée a alimenté la thèse de l’avocat prenant fait et cause pour son client. Franck Berton, lui, affirme ne pas épouser la thèse de celui qui parait être le metteur en scène des attentats.
Son objectif ne sera clairement pas financier, puisque Salah Abdeslam bénéficiera de l’aide juridictionnelle. Franck Berton dit travailler pour l’application d’un principe, bien que l’on ne puisse pas exclure la notoriété que lui apportera un procès retentissant. L’espoir d’un verdict favorable est évidemment très limité. La seule ambition de Franck Berton sera d’obtenir une atténuation de la peine, et la seule façon de l’obtenir sera de minimiser le rôle de son client. Une stratégie que son homologue belge, Sven Mary, a commencé à mettre en œuvre en traitant publiquement son client de « petit con » sans envergure, et en lui attribuant « l’intelligence d’un cendrier vide ». On connaissait le terme avoir le QI d’une huître, mais là un palier a été franchi. Pour ma part, je doute qu’un jury populaire tombe dans un panneau aussi évident, déjà dénoncé par les familles des victimes.