Maudite galère !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 19 avril 2016 10:38
- Écrit par Claude Séné
La ministre de l’Éducation, Najat Valaud-Belkacem, a « condamné absolument » l’accueil réservé à l’académicien et philosophe Alain Finkielkraut dimanche dernier sur la place de la République, tout en déclarant ne pas être toujours d’accord avec ses positions. Un désaccord partagé par les manifestants de Nuit debout qui ont considéré que la présence de Mr Finkielkraut était une véritable provocation, le traitant de « facho » et lui demandant bruyamment « de se casser ». Une attitude assez peu courtoise, je l’admets, mais qui s’est limitée, à ma connaissance, à ce débordement verbal.
D’ailleurs, l’académicien ne s’est pas privé de répliquer, avec un sens de la répartie qui explique sa présence dans l’instance prestigieuse chargée de moderniser notre dictionnaire par un : « gna gna gna gna gna ! » bien senti, et la réponse du berger à la bergère : « pauvre conne ! » Il est vrai que le philosophe est plus habitué à donner la leçon en demandant le silence à son auditoire qu’à la recevoir lui-même et qu’il supporte assez mal la contradiction, comme en témoignent ses esclandres à la télévision. Contrairement à ce que j’imaginais, le mouvement, apparemment très spontané, a quand même mis en place un service d’ordre, qui s’est chargé d’escorter le philosophe vers la sortie sans qu’il suisse de violences physiques. Sans approuver le débordement qui consiste à vouloir choisir les personnes autorisées à participer à ce rassemblement, on peut comprendre que les manifestants se sentent plus proches de Yanis Varoufakis, l’ancien ministre grec des Finances, et qu’ils l’accueillent avec plus d’enthousiasme qu’un intellectuel qui ne s’est pas aperçu que la gauche l’avait quitté si lui continue de s’en réclamer. Il aurait dû se douter qu’il ne serait pas persona grata même si son ambition se limitait à écouter et non à prendre la parole.
S’il y a bien une chose qui fait consensus place de la République, c’est la volonté de ne pas laisser qui que ce soit, et surtout pas les partis politiques, récupérer le mouvement. De ce point de vue, Florian Philippot, numéro deux du Front national, s’est montré plus lucide en déclarant que sa place n’était pas dans la manifestation, même s’il affirmait comprendre les revendications des participants. Alors on se demande pourquoi Alain Finkielkraut est allé se fourrer dans ce guêpier, quel Scapin l’y a mené et par quelle fourberie on lui a fait croire qu’il pourrait y être le bienvenu ? Que diable allait-il faire dans cette galère ?