L’affiche rouge
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 20 avril 2016 10:44
- Écrit par Claude Séné
L’affiche de la CGT dénonçant les violences policières a fait grand bruit du côté des syndicats représentant les forces de l’ordre et a suscité les réactions d’un certain nombre de politiques, au premier rang desquels on retrouve évidemment Éric Ciotti qui a fait de la sécurité son cheval de bataille et qui s’oppose à toute forme de contestation de l’ordre établi, allant jusqu’à prôner l’interdiction de se syndiquer pour les magistrats par exemple. Pour ceux qui ne l’auraient pas vue, l’affiche représente une matraque posée sur un écusson de CRS, au milieu d’une mare de sang, tandis que le slogan proclame : « stop à la violence ».
Cette affiche rappelle le texte de Louis Aragon, l’affiche rouge, à double titre. D’abord par la couleur, évoquée dans le poème, « l’affiche qui semblait une tache de sang » et aussi par le symbole, la CGT étant un des derniers syndicats à se revendiquer d’une culture ouvrière à vocation révolutionnaire, même si ses voies se veulent plus pacifiques. On comprend bien que cette affiche veut dénoncer les dérapages qui ont accompagné les manifestations contre la loi sur le travail, en particulier des lycéens. Des vidéos amateurs ont circulé sur la toile, montrant le comportement inadmissible d’un policier frappant violemment un jeune d’une quinzaine d’années, parfaitement inoffensif. De leur côté, les syndicats de police dénoncent l’opprobre jeté sur leur profession par cette affiche qui semble désigner l’ensemble de leurs collègues.
Nous nous retrouvons dans une situation assez similaire à celle du dessin de presse, ou des caricatures. Par nature, la représentation procède d’une interprétation quasi immédiate de la réalité. Le sens du dessin saute aux yeux, c’est ce qui fait sa force, mais il ne se prête pas à la nuance. On peut comprendre la réaction des policiers, encore tout étonnés de leur récent regain de popularité depuis les attentats terroristes et soumis à un régime de surcharge de travail pour tenter d’éviter que le pire ne se reproduise. Cela n’enlève rien aux risques de dérapages ou de bavures qui entachent trop souvent le comportement de certains de ses éléments. Je trouve personnellement choquant que des policiers en uniforme ou même en civil aient toujours recours à des armes de poing pour disperser des manifestants, quand on sait que le matraquage peut entraîner des conséquences très graves. Souvenons-nous de Malik Oussekine, battu à mort par les « voltigeurs » de Pandraud et Pasqua, à la suite des manifestations de 1986 contre la loi Devaquet. Une police moderne devrait pouvoir utiliser d’autres moyens quand elle a à faire avec des manifestations non violentes. Ou est-ce trop demander ?
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