Le nom des gens

Vous avez peut-être entendu parler de la mésaventure de Marion, licenciée pour ne pas avoir voulu changer de prénom à la demande de son employeur. En effet, il existait déjà une autre employée portant le même prénom et le patron avait décidé de l’appeler Marie pour éviter toute confusion. Devant son refus, il a mis fin à une action de formation préalable à l’emploi (AFPR) destinée à l’embaucher définitivement, sous le motif de « deux mêmes prénoms non voulus par la direction ». Marion aurait pu céder, se dépouiller de son prénom, mais allez savoir pourquoi, elle y tient, elle considère que c’est une partie d’elle-même, de son identité.

Apparemment, ce sont des considérations qui échappent totalement au patron de cette entreprise familiale, qui croit sans doute être de droit divin et détenir tout pouvoir sur ses employés y compris celui de leur donner le nom qui lui convient. Une pratique qui rappelle de fâcheux précédents. Celle des bourgeoises des siècles passés, par exemple, qui appelaient toujours leurs bonnes à tout faire du même prénom, sous prétexte que cela leur évitait d’avoir à mémoriser un nouveau nom chaque fois qu’elles en changeaient. À moins qu’il ne considère que ses employés ne sont guère plus que des animaux domestiques, à qui l’on donne sempiternellement le même nom, Médor, ou Kiki, comme dans « le viager » où la dynastie canine verra sa 5e génération de corniauds survivre à la famille Galipeau.

C’est que changer le prénom de quelqu’un n’est pas anodin. Dans beaucoup de cas d’adoption d’enfants étrangers, la famille d’accueil juge bon de donner aux adoptés un prénom à consonance occidentale en lieu et place du prénom d’origine. La raison déclarée en est de favoriser l’insertion de cet enfant dans son milieu social d'adoption. Les motivations réelles sont sans doute plus complexes et ont quelque chose à voir avec la projection des parents sur le devenir de cet enfant, comme s’ils l’avaient conçu eux-mêmes. À travers le choix du prénom, exercice souvent délicat, car porteur de conflits entre les parents, c’est toute une existence qui est fantasmée. C’est ce qui explique que les dictionnaires de prénoms tombent souvent juste quand ils décrivent des caractères attachés à ces « petits noms », ces « noms de baptême ». Ils traduisent l’investissement parental et sont la survivance d’une société fortement marquée par la religion où le prénom reflétait l’influence attribuée au saint patron sous la protection duquel le baptême plaçait l’enfant, tout en le reliant à une communauté. Une chose est sûre, ce patron toulousain, lui, est tout sauf un saint.

Commentaires  

#2 poucette 16-04-2016 17:46
de plus tes deux frères ayant eu le bon goût d'épouser des Jacquelines....3 mêmes prénom c'étaient compliqué .mais je ne sais pas qui a trouvé Kakou? qui a au moins le mérite de l'originalité...
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#1 jacotte 86 16-04-2016 11:46
sujet brulant pour moi : j'ai choisi de modifier mon prénom pour me distinguer d'un autre enfant décédé. je connais beaucoup d'adolescent qui à un moment se rebaptise pour s'affirmer. Ce patron est un CON!!!!
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