Le pire est à venir
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 13 avril 2016 10:42
- Écrit par Claude Séné
Même s’il n’est jamais sûr, le pire n’est jamais loin. Je sais bien que pour beaucoup de Français la déception provoquée par l’absence de politique de justice sociale de François Hollande leur fait penser qu’un gouvernement de droite n’aurait pas fait plus de dégâts, mais malheureusement, ils se trompent. J’en veux pour preuve cette interview donnée par un des candidats à la primaire des Républicains, Bruno Lemaire. Certes, ce n’est pas le favori de cette compétition, mais c’est précisément son statut d’outsider qui lui donne la capacité de donner franchement sa position, et c’est très instructif.
Je ne retiendrai que deux points pour illustrer mon propos. Le premier concerne l’école, que Bruno Lemaire accuse naturellement d’avoir failli à sa tâche, qui est de fournir aux entreprises les quotas de salariés formés selon ses besoins. Ne perdons donc pas de temps avec l’enseignement général pour les contingents destinés à la production, et abolissons le collège unique, cause de tous nos maux en matière d’éducation. C’est bien, mais c’est un peu petit bras. La prochaine étape devrait être la sélection en maternelle, afin de dégager au plus vite les élites qui pourront, comme Bruno Lemaire, intégrer les écoles prestigieuses telles que l’ENA ou Sciences politiques. À l’autre bout de la chaine, on pourrait isoler les futurs délinquants, comme l’avait suggéré Nicolas Sarkozy en son temps, et la boucle serait bouclée.
Le deuxième point est relié à la loi travail proposée par le gouvernement et au traitement des entreprises en général. Sans réelle surprise, Bruno Lemaire préconise un abaissement massif des charges sociales et une pleine liberté de licenciement, censée favoriser l’emploi. Au journaliste qui lui demande quelles contreparties il demande aux entrepreneurs, après les promesses non tenues du million d’emplois du MEDEF en échange du CICE, Bruno Lemaire répond tranquillement : « aucune ». Et de nous expliquer qu’il fait le pari de la bonne foi des entrepreneurs et de l’effet libérateur de ces mesures. Il me semble me souvenir qu’un autre bienfaiteur de l’humanité, un certain Blaise Pascal, avait lui aussi fait un pari, que Jacques Prévert qualifia de stupide, sur le bénéfice que nous pourrions tirer de la croyance en un dieu de bonté et de bienveillance, pour le salut de notre âme éternelle. Le malheur est que ni Blaise Pascal, ni aucun autre, n’est revenu d’entre les morts nous apporter la preuve du bien-fondé de cette espérance, et que nous voyons tous les jours les atrocités que les humains commettent en son nom. Quant à Bruno Lemaire, il est facile pour lui de parier avec l’argent des Français.
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