L’enfer c’est les autres

Après le choc retentissant des révélations des Panama papers, les choses reviennent peu à peu à la normale, c’est-à-dire à l’indifférence générale devant une situation de fraude massive, en particulier des plus riches et des plus puissants. À peine va-t-on suivre avec curiosité les explications embarrassées du Premier ministre britannique, David Cameron, dont on s’étonne à peine d’apprendre qu’il manipule beaucoup d’argent et qu’il cherche à en gagner toujours plus dans la plus grande discrétion. Quelques clients de la Société Générale envisagent également de fermer leurs comptes en représailles contre une banque qui a utilisé l’argent public de son renflouement pour « optimiser » ses placements, contre l’esprit, sinon la lettre de ses déclarations publiques.

Et c’est à peu près tout. Si ce n’est pas Cameron, les citoyens anglais ne sont pas certains que son remplaçant sera beaucoup plus « clean ». Quant aux banques françaises, ou étrangères, elles se valent presque toutes et ne sont guère plus vertueuses les unes que les autres. Et voilà que pour couronner tout ça, on réentend la petite musique selon laquelle les personnes qui fraudent plus ou moins légalement le fisc y sont poussées par une imposition qualifiée de confiscatoire. Autrement dit, que les paradis fiscaux sont générés par une situation infernale pour les riches, ces mal-aimés du système français ! On connait l’antienne. Soi-disant, les Français, et leur gouvernement quand il est de gauche, n’ont de cesse de stigmatiser la réussite et cherchent à récupérer par le biais de l’impôt, un argent qui serait sale par nature, tandis que les Américains, et leurs admirateurs libéraux, lui vouent un culte absolu, dont le meilleur porte-parole serait Donald Trump.

Naturellement, ces chantres de la libre entreprise sont conscients de l’argument incontournable de la nécessité de collecter l’impôt pour financer les services régaliens de l’état, même s’ils tentent de minimiser leur place au maximum en remplaçant les services publics par des prestataires extérieurs. Et où l’état trouverait-il l’argent nécessaire à financer des plans d’aide qu’ils acceptent du bout des lèvres si ce n’est par des prélèvements fiscaux ? Alors ils s’en prennent à la gestion et aux choix des gouvernements pour justifier leur comportement contraire au civisme. Sans compter qu’ils soupçonnent leurs concurrents de frauder encore plus qu’eux, ce qui les désavantagerait. Au point que si 83 % des Français condamnent les paradis fiscaux, ils seraient environ 20 % à reconnaitre qu’ils éviteraient l’imposition si cela leur était possible. Qu’ils se rassurent, ce n’est pas près d’arriver, les inégalités ne feront que croître et embellir sans le correctif redistributeur de l’imposition.

Commentaires  

#1 poucette 12-04-2016 11:16
je vais faire de la résistance en faisant ma déclaration sur papier..sans frauder en bonne contribuable mais un maximum de dons mieux utiliser que mes impôts
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