L’attente

C’est un moment où le cours du temps s’interrompt, où l’on attend que quelque chose se produise ou que quelqu’un vienne.

Impossible de continuer le propos sans essayer de réfléchir à la notion de temps auquel elle est indissolublement liée. C’est une notion tellement complexe suivant les théories qui la définissent que j’ai retenu seulement deux approches.

La première se préoccupe du temps physique, permet de le compter, selon le calendrier lunaire, un mois pour chaque lunaison, la rotation terrestre autour de son axe, un jour pour le jour, divisé en 24 heures, une heure dure 60 minutes, une minute 60 secondes, la seconde étant le temps d’une pulsation cardiaque… c’est aussi le temps mathématique étudié par la science physique, nous savons le chronométrer, c’est une mesure abstraite pour expliquer les lois de la nature.

La création de l’horloge atomique en 1947 a défini maintenant la seconde comme le temps nécessaire à un rayon lumineux pour effectuer 9 192 631 770 oscillations !

Comme il n’existe aucun récepteur sensoriel pour percevoir le temps, il est donc essentiellement subjectif, c’est la façon dont nous vivons les unités de mesure, dans la durée, le rythme, l’ordre des événements perçus, c’est le temps psychologique, ou subjectif, c’est celui qui m’intéresse, vécu par chaque individu s’appuyant sur sa culture historique, chaque perception est le fruit de ses exigences propres.

Le temps dépend donc de l’observateur, il est obligatoirement lié à l’espace, et c’est le temps écoulé entre deux événements.

La situation d’attente que l’on connaît tous un moment ou un autre, est souvent, pour ne pas dire toujours, ressentie comme un moment négatif, un temps perdu, qui génère de l’inquiétude, de l’anxiété, de la patience, de la frustration.

L’attente paraît plus longue dans l’incertitude de la durée, quand elle n’est pas expliquée, retard d’un avion ou d’un train, quand elle est injuste, quelqu’un arrivé après vous est servi avant vous, quand c’est la première fois qu’on la vit, quand elle se passe dans l’inconfort… Plus le pourquoi de l’attente est important, plus elle est difficile.

Le temps subjectif, celui de la conscience, est élastique, il dépend des événements, il varie en fonction de nos émotions, de notre âge, plus on vieillit plus le temps passe vite !

Il n’est pas évident de se passer d’attendre quelque chose des autres, des changements sociaux, politiques, de l’évolution de sa carrière, d’événements familiaux, tout comme on peut se retrouver sur une liste d’attente, ou vivre des périodes d’attente, d’un verdict, d’un résultat, autant de situations qui nous empêchent de profiter de ce que nous avons déjà, pour atteindre un peu plus de sérénité.

Au quotidien, confrontés à des situations d’attente stressantes, chez les professionnels de santé, aux urgences hospitalières, dans les files aux caisses des commerces, on essaie de quantifier ce moment suspendu en regardant sa montre, en comptant, en se concentrant sur ses pensées, sur sa respiration, sur des moments de pleine conscience, pour évacuer l’impatience, la colère… pour les rendre supportables.

Considérée généralement comme négative, telle qu’on le constate dans la pratique, et que le dit Sénèque, « le plus grand obstacle à la vie est l’attente qui espère demain, et néglige aujourd’hui », il semblerait que l’être humain soit enclin à des attentes positives donc à l’espoir, comme le voit Simone Weil « notre attente c’est toujours l’attente d’un bien »

 À chacun de choisir selon sa philosophie de la vie.

L’invitée du dimanche