Demandez le programme
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 20 juin 2024 10:56
- Écrit par Claude Séné
Après une courte phase de sidération à la suite de la décision surprise et incompréhensible du président Macron de dissoudre l’Assemblée nationale au pire moment, même pour lui, les appareils de partis politiques ont tenté de se mettre d’accord dans un temps record sur des programmes de gouvernement, et des candidats à la députation pour les incarner. Il reste aux uns et aux autres à convaincre les électeurs de la faisabilité de leurs orientations, et notamment à chiffrer les mesures économiques proposées pour améliorer le sort des Français, et aussi pour équilibrer un budget déjà épinglé par les agences de notation et la Commission européenne.
Concernant le Rassemblement national, sa mesure phare serait une baisse de la TVA sur les énergies et le carburant, mais pour le reste, il reste dans le flou, en conditionnant la mise en œuvre de son programme à l’existence d’une majorité absolue en sa faveur, ce qui est encore loin d’être acquis, fort heureusement. Au point que l’on peut légitimement se demander si le RN ne souhaite pas secrètement éviter de se « griller » en se contentant d’une cohabitation risquée quand il pense pouvoir accéder à la fonction suprême à la faveur d’une présidentielle anticipée, imposée par la démission du président en exercice, bien qu’il prétende le contraire. Du côté du nouveau Front populaire, le programme a reçu l’aval d’Esther Duflo, prix Nobel d’économie, ce qui est un gage de sérieux, malgré les critiques et les procès en sorcellerie intentés par le président et son ministre de l’économie dont la politique a échoué depuis leur accession au sommet de l’état, malgré une certaine amélioration du marché de l’emploi, qui ne se traduit pas dans les recettes publiques.
La minorité présidentielle, quant à elle, se retrouve confrontée à une difficulté inhérente à la situation provoquée par son chef, celle de devoir proposer un changement de stratégie en s’exposant inévitablement à la question : « pourquoi ne pas avoir fait cela plus tôt, si c’est tellement souhaitable ? » Le seul mantra maintenu par Emmanuel Macron contre vents et marées et aussi contre le bon sens le plus élémentaire consiste à refuser toute hausse d’impôt, y compris sur les contribuables les plus aisés, alors même que les caisses sont vides et que les services publics sont exsangues. Même sans augmenter les prélèvements en masse globale, la progressivité de l’impôt pourrait être améliorée et de nombreuses niches fiscales supprimées. Ce qui est en cause, c’est l’injustice et les inégalités sociales. Ce sont ces politiques inégalitaires et injustes qui ont fait le lit du Rassemblement national. La plupart de leurs électeurs se sont sentis floués, sacrifiés par le pouvoir central, et se sont rapprochés de ceux qui soufflent sur les braises en avivant leur colère, sans prendre conscience du danger mortel pour la démocratie et les valeurs républicaines qu’ils représentent. Un sursaut est encore possible.