Régularisation
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 13 septembre 2023 10:46
- Écrit par Claude Séné
Le sujet n’est pas nouveau. Chacun sait que de nombreux sans-papiers travaillent plus ou moins régulièrement et font tourner des pans entiers de l’économie en France. Ils ont longtemps été cantonnés à des tâches subalternes, dont les Français ne voulaient pas, parce qu’elles étaient mal payées, ou mal considérées. Ce n’est plus forcément le cas aujourd’hui. Le métier d’éboueur par exemple, hormis ses difficultés spécifiques, ses contraintes et la fatigue qui en résulte, est devenu attractif sur le plan de la rémunération. Cependant, on retrouve des travailleurs en situation irrégulière dans certains métiers dits « en tension » notamment dans la restauration ou le bâtiment.
Au moment où le gouvernement s’apprête à présenter un énième texte de loi concernant l’immigration, la tentation est grande de réserver un traitement particulier à ces catégories de travailleurs, dont notre économie a besoin, de toute évidence, et dont la situation administrative est totalement inique. En pratique, ce sont souvent des travailleurs sous-payés, aux droits sociaux inexistants, une main-d’œuvre surexploitée, taillable et corvéable à merci, avec cette épée de Damoclès sur la tête, le risque de se faire expulser du jour au lendemain. D’où cette idée, qui a traversé les partis politiques, de régulariser uniquement les clandestins qui seraient en possession d’une autorisation de travailler, ou qui exerceraient déjà une profession dans laquelle on manque de bras. C’est ce qui a poussé apparemment ceux que l’on considère comme l’aile gauche du Macronisme, que moi j’appellerai sa caution sociale tant le pouvoir actuel penche à droite, à prendre langue avec les partis de la NUPES, en vue de présenter un amendement commun réclamant la régularisation des sans-papiers dans certains métiers. Ces tractations ont partiellement abouti sous la forme d’une tribune publiée dans la presse. La France insoumise, qui a participé aux discussions, n’a pas signé cet appel, qui ne va pas assez loin, de son point de vue.
Et c’est bien la question. On sait que décrocher un job pour un travailleur en situation irrégulière est encore plus difficile que pour un demandeur d’emploi lambda, d’un côté ou de l’autre de la rue, contrairement aux affirmations péremptoires d’un président hors-sol. Si l’amendement en question était adopté, il ne représenterait qu’une infime partie de ce qui serait nécessaire pour changer véritablement la donne. Alors, c’est une question de stratégie politique. Prendre le peu qu’on vous offre, parce que c’est toujours ça, et que malgré tout, c’est une reconnaissance de la légitimité du combat en cours, ou refuser tout net un accord au motif que cela nuit à la clarté des débats, et peut introduire une confusion sur le fond de l’opposition au régime en place. La droite « classique », elle, ne se pose pas ces questions. Elle y voit la preuve d’une collusion entre la majorité relative d’Emmanuel Macron et la gauche, ce qui la renforce, s’il en était besoin, dans son refus de toute immigration.