À vos calculettes !

Connaissez-vous la shinkflation ? Il y a seulement une semaine, j’aurais parié que non, mais le sujet est monté en puissance récemment, et a commencé à se répandre, grâce notamment à une campagne marketing d’une enseigne, bien placée pour dénoncer une pratique qu’elle a utilisée elle-même sans remords ni état d’âme. De quoi s’agit-il ? D’une augmentation de prix déguisée, passant par la diminution de la quantité de produit, pour un prix identique, voire plus important. Je vous ai déjà raconté ici même l’évolution du carambar de mon enfance, dont la taille fondait jusqu’à l’apparition du « maxi » carambar, plus gros, mais plus cher !.

Le concept a fait florès depuis, et la pratique est devenue courante. Pourquoi ce terme de shrink ? Employé comme verbe, il signifie tout bêtement rétrécir, ou diminuer. Utilisé comme nom, il désigne en argot un psy. Je crois l’avoir lu au départ sous la plume de Michael Connelly, dont le héros, sujet à un stress post-traumatique consécutif à un séjour prolongé au Vietnam, devait consulter un médecin psychiatre qu’il appelait Docteur Jivaro, car son métier consistait à réduire la tête trop pleine de mauvais souvenirs des GI après leur retour au pays. Cette lointaine parenté me parait bien exprimer le caractère maléfique du procédé commercial, dont la malignité, au sens médical du terme, est parfaitement déloyale vis-à-vis du consommateur. Il s’agit de tromper sans vergogne le client, en espérant qu’il n’y verra que du feu. C’est pourquoi je ne saurais trop vous recommander de vous munir d’une calculette pour faire vos courses pour contrôler la vérité des prix, et de vous méfier des offres trop alléchantes.

À l’appui de mon propos, je me permets de vous narrer une anecdote personnelle très récente, puisqu’elle remonte à la semaine dernière. Dans ma liste figurait une tablette de chocolat dessert d’une marque bien connue. J’allais me servir quand m’apparut la mention « promo » écrite en gros sur l’étiquette de prix du rayon. En achetant un lot de 3 tablettes, je pouvais apparemment faire une affaire. Méfiant de nature, je contrôlais le prix en multipliant le prix unitaire par le nombre de tablettes et je constatais que j’y aurais perdu une trentaine de centimes, en plus de répondre à l’objectif réel du magasin, qui consiste à déplacer son stock chez le client. Pour être honnête, je dois à la vérité de dire que pour préparer cette chronique, j’ai vérifié sur le drive de l’enseigne les prix des tablettes, à l’unité et par 3, et, patatras ! il s’avère que l’étiquetage en rayon était faux et que le prix réel était vraiment plus avantageux par lot. Je me suis rappelé Pierre Desproges faisant un scandale pour n’acheter que 2 piles dans un blister de 4 pour s’apercevoir à son retour qu’il lui manquait les 2 qu’il avait laissées au magasin.