En toute franchise
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 8 août 2023 10:46
- Écrit par Claude Séné
Le gouvernement n’en fait pas mystère. Il envisage très sérieusement d’augmenter la « franchise » de 50 centimes d’euro qui s’applique chaque fois que vous achetez une boîte de médicaments qui vous a été prescrite par votre médecin. La première raison peut être entendue. Après un « quoi qu’il en coûte » dispendieux, l’état aurait bien besoin de rééquilibrer ses finances, et notamment celles de la sécurité sociale, dont le « trou » est un marronnier récurrent et ne semble pas posséder de fond, tel le tonneau des Danaïdes. Tant et si bien que les économies escomptées du doublement de la franchise médicale n’y suffiront pas, et de loin.
D’un côté de la balance, quelques centaines de millions d’économies, de l’autre des dizaines de milliards de déficits cumulés. Alors le ministre de l’Économie et des Finances sort son argument psychologique imparable, celui du sens civique des patients et leur « responsabilisation ». Le doublement prévu de la franchise sur les médicaments serait un moyen de faire renoncer les malades à une partie des traitements. Sous-entendu, les patients auraient tendance à surconsommer, voire à gaspiller et ne seraient pas assez « responsables ». Faut-il rappeler que la franchise ne concerne que les médicaments remboursés en tout ou partie, donc prescrits par un personnel de santé, lui-même responsable, et digne de foi ? S’il est un péril majeur dans le domaine, c’est bien, à l’inverse, celui du renoncement aux soins faute d’argent. Selon le laboratoire Biogaran, 61 % des Français auraient déjà renoncé à acheter des médicaments après l’inflation constatée en 2023. Les taux de remboursement de l’Assurance Maladie varient d’ailleurs de 100 % dans le meilleur des cas à 15 % pour un médicament dit de « faible service médical », la majorité étant plafonnée à 65 %. Si l’on excepte les cas particuliers des « Affections de longue durée » ou les bénéficiaires de l’aide médicale d’état, les dépenses de santé deviennent vite une variable d’ajustement pour les ménages les plus modestes.
Car c’est bien une constante du Macronisme, fidèle aux principes du libéralisme, que de laisser le marché tout réguler par l’argent, en prônant le « chacun pour soi » et en faisant peser la culpabilité des injustices sociales sur les victimes du système. Il n’a d’ailleurs pas inventé ces concepts, qui remontent à une période antérieure à la création de la sécurité sociale. À l’époque, les clients des médecins achetaient des carnets de tickets à l’ancêtre des mutuelles et en détachaient un à chaque consultation, charge au praticien de se faire rembourser cette part, qui s’est perpétuée sous le nom de « ticket modérateur », un peu comme les tickets de rationnement, destiné à « modérer » les ardeurs des malades trop enclins à se faire soigner. Rien de bien neuf sous un soleil qui se fait attendre dans le Nord et l’Ouest, donc.