Le Schmilblick
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 19 juin 2023 11:12
- Écrit par Claude Séné
Même si un bon nombre de gens n’ont pas eu l’occasion de voir en direct ce célèbre jeu télévisé animé par Guy Lux, l’expression qui revenait régulièrement : à quoi pensez-vous ? À rien, c’était pour faire avancer le Schmilblick, est passée dans le langage courant. Elle pourrait être remise au goût du jour après l’interview donnée au Figaro par Richard Ferrand, l’ancien président de l’Assemblée nationale, macroniste de la première heure, battu aux élections législatives de 2022. Au cours de cet entretien, Richard Ferrand, que certains verraient bien dans le rôle d’Élisabeth Borne, envisage de modifier la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats que peut exercer le président de la République.
Ce qui est intéressant, c’est le prétexte démocratique qu’il avance pour masquer un plaidoyer en faveur de son propre camp. Selon lui, cette limitation « bride la libre expression de la souveraineté populaire ». C’est curieux, cette inquiétude. Pour ma part, j’y vois un garde-fou destiné à éviter qu’un clan ou une personne puisse accaparer le pouvoir en se faisant reconduire grâce à une prime liée à sa situation, aggravée d’un clientélisme potentiel, et à l’avantage octroyé au pouvoir en place par sa position même. Et au-delà d’un troisième mandat, une telle proposition ouvre la porte à un pouvoir dynastique dont on ne voit que trop bien qu’il peut durer sans limites, comme on le constate dans certains pays. Richard Ferrand ne s’arrête d’ailleurs pas en si bon chemin en suggérant de revenir sur le non-cumul des mandats, histoire d’avoir les coudées franches. Mais cela ne suffit pas. Il suggère une recomposition du paysage politique, en clair une alliance ou un débauchage avec les alliés « naturels » que sont les Républicains pour constituer une majorité parlementaire plus confortable.
Et voilà que Richard Ferrand rectifie le tir sur Twitter. On l’a mal compris, il n’a pas proposé la modification constitutionnelle, précisément pour 2027. Ce sont les réseaux sociaux et les médias qui font preuve d’un « panurgisme imbécile » en le reprenant. Et nous revenons au jeu télévisé et à la parodie qu’en avait faite Coluche dans laquelle un faux Guy Lux s’exclamait, en réponse à un candidat : « je vous rappelle que le Schmilblick est un œuf, et qu’un œuf ne fait pas de politique, allons voyons ! Hein ? mais non, je l’ai pas dit… » et je crois que Richard Ferrand est sincère. Il voulait ne pas le dire tout en le disant, juste comme ça, pour voir, ou pour faire « avancer le Schmilblick ».