Retour au travail
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 11 juin 2023 10:42
- Écrit par L'invitée du dimanche
Bien que le projet de la réforme des retraites semble plié, j’aimerais faire une place à celles et ceux qui ne pourront pas en revendiquer une, pour des raisons diverses, dont j’aimerais en examiner quelques-unes.
D’abord les travailleurs « au noir », cette activité qui consiste à faire un travail dissimulé, non déclaré tout ou partie, à l’administration fiscale et au recouvrement des cotisations sociales.
(Pour la petite histoire, cette appellation date du Moyen Âge, pour les activités illégales exercées la nuit, tous les travaux devant être exécutés le jour.)
Difficile à évaluer, on estime à 2 500 000 travailleurs au noir de temps en temps, ou en permanence. Cela concerne 5 % des plus de 18 ans, les plus âgés cherchant dans cette activité un complément de revenus, salariés, étudiants, retraités, chômeurs…
Ce recours au travail dissimulé s’explique par l’accroissement des charges sociales, la hausse de la TVA, qui fait grimper le coût des services, le travail au black est plus alléchant, malgré les aides telles que le crédit d’impôt… Exemple, une nounou employée à temps plein perdra 3 000 € par an si elle est déclarée !
Les secteurs concernés, l’aide à domicile, des petits travaux d’entretien, les hôtels, cafés, restaurants, bars, les travaux saisonniers et le BTP, plus de 51 % du travail dissimulé. Ceux qui y ont recours minimisent des inconvénients tels que les droits à la retraite, au chômage, à une couverture sociale, et le risque de contrôle. Ce dernier est exercé par 300 agents de l’URSSAF, les sanctions peuvent être lourdes, pour un particulier employeur trois ans de prison 45 000 € d’amende, pour une personne morale 225 000 € d’amende et cinq ans de prison… sans compter le risque du travail mal fait sans recours. L’employé, lui, est considéré comme une victime et n’est pas poursuivi.
Il y a aussi « le travail au gris » qui consiste à ne pas déclarer les heures supplémentaires d’une baby-sitter ou d’une nounou, 31 % d’entre elles ne déclarent qu’une partie du travail réalisé, les services à la personne des seniors, 41 % des heures ne sont pas déclarées, 18 % ne déclarent rien du tout. Des plates-formes qui proposent près de chez vous des autoentrepreneurs, tels que « allo voisins » « hellocasa »… permettent de repérer ceux qui accepteront d’intervenir chez vous au black, après une seule intervention payante.
N’auront pas ou peu de retraite, les agricultrices sans statut, travailleuses invisibles qui ont choisi le statut d’ayant droit, bénéficiant de certaines prestations, mais ne pouvant pas prétendre à une retraite. Cela concerne 5 000 à 6 000 femmes, elles pourraient avoir un statut de « chef d’exploitation » elles ont reculé devant les charges supplémentaires, et toutes les heures effectuées avant 2007 sans statut ne seront pas prises en compte ! Le sort des femmes d’artisans n’est pas plus enviable, certaines ne sont pas déclarées, au mieux elles sont associées et n’ont droit qu’à des dividendes, ou ont le statut de conjoint collaborateur pour cinq ans seulement, pour qu’elles choisissent le statut de salariées ! Le manque à gagner pour l’État est estimé entre 3 et 6 milliards en 2016 !
On peut déplorer les conséquences lourdes sur le plan social et économique de cette pratique de travail, le plus grave c’est le dommage causé à long terme aux travailleurs qui se retrouveront démunis dans leur fin de vie !
L’invitée du dimanche