
Quand Brocéliande brûle
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 19 juillet 2025 11:22
- Écrit par Claude Séné

Les premiers feux de l’été n’ont pas attendu la canicule pour démarrer la saison, mais cette fois ils ont touché une région généralement épargnée par ces épisodes de chaleur intense accompagnée de sécheresse favorisant les départs de feu à la moindre étincelle. Et quoi de plus emblématique de la Bretagne que la forêt de Brocéliande, identifiée à la forêt de Paimpont, qui en serait le principal vestige ? Selon certains travaux, l’antique forêt de Brocéliande couvrait autrefois la plus grande partie de la Bretagne, voire au-delà, à une époque où la nature n’avait pas encore été encadrée par les activités humaines.
Cette immense forêt, réputée pour avoir été possiblement le lieu mythique du cycle arthurien des chevaliers de la Table ronde ainsi que la dernière demeure de l’enchanteur Merlin, s’étendait probablement jusqu’aux confins de la Bretagne, et comprend aussi l’actuelle forêt du Huelgoat, voire celle du Cranou. Les épisodes caniculaires donnant lieu à des incendies potentiellement dramatiques sont devenus à la fois plus fréquents et plus intenses, du fait du dérèglement climatique dû à l’activité humaine. Le feu de ces derniers jours s’est déclaré sur la commune de Tréhoranteuc, à la lisière ouest de la forêt, près de l’emplacement d’une attraction touristique, un « arbre d’or », comprenez l’évocation de l’arbre légendaire où poussaient des feuilles d’or, dont les korrigans, ces petits lutins dotés de pouvoirs magiques, faisaient un onguent pour soigner les arbres malades. Cet arbre se situe lui-même à l’arrivée du sentier dit du « Val sans retour », en évocation de la légende de la fée Morgane, qui s’y vengeait de ses ennemis par ses pouvoirs magiques.
Vous l’aurez deviné, j’ai la chance de résider à guère plus d’une heure de route de ce lieu magique, où j’ai pu me rendre plusieurs fois, sans jamais en épuiser les ressources. Pour ceux qui seraient de passage dans la région Bretagne, je ne peux que reprendre la classification des premiers guides touristiques édités par Michelin, selon laquelle Brocéliande « mérite le détour », incontestablement, parole partisane de Breton, de mauvaise foi, mais partageur. La forêt est assez grande pour accueillir sans surpopulation touristique les visiteurs, qui se répartissent rapidement. Peut-être auront-ils la chance d’apercevoir les filles des forges, immortalisées par le groupe Tri Yann, les trois « Jean » de Nantes, qui furent parfois quatre comme les mousquetaires. Une façon de rappeler que le site de Paimpont, qui disposait en abondance des ressources naturelles nécessaires, a développé cette activité humaine depuis la plus haute antiquité. Qui sait ? Peut-être la fameuse épée Excalibur a-t-elle été forgée sur place en l’honneur du roi Arthur, et que tout ça soit légendaire n’enlève rien à son charme, bien au contraire.
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