Marine Le Pen en Prada

C’est quand même ballot. Depuis le temps que la fille de son père s’échine à tenter de faire oublier un héritage encombrant fait de jeux de mots ignobles (Durafour crématoire) ou de détails de l’histoire que constitueraient les camps d’extermination de l’Allemagne nazie, voilà que les députés de son parti font un refus d’obstacle en restant assis quand tous les autres parlementaires se lèvent en signe de soutien au maire démissionnaire d’une commune de Loire-Atlantique, en butte aux menaces et aux dégradations de militants d’extrême droite.

Depuis qu’elle a repris le flambeau, Marine Le Pen s’est appliquée à gommer les aspérités et à tenter de masquer sa politique ségrégationniste pour capter les voix des électeurs, notamment les plus modestes, parfois inconscients de voter contre leurs intérêts et ceux de la population. Comme on le sait, le diable se niche dans les détails et si Marine Le Pen évite probablement de s’afficher dans des vêtements coûteux, les prises de position telles que le désintérêt pour le sort du maire divers droite de Saint-Brévin, qui a été contraint à la démission pour ne pas laisser sa famille exposée à des exactions et des risques avérés tels qu’un incendie volontaire de son domicile en mars dernier, peuvent lui nuire. Si le maire jette l’éponge, « pour raisons personnelles », précise-t-il, c’est que des manifestations régulières le visent en raison de sa position favorable à l’ouverture d’un Centre d’accueil pour des demandeurs d’asile, qui déplait souverainement, c’est le cas de le dire, aux idéologues du grand remplacement, que l’on a également vus à l’œuvre à Callac pour des raisons similaires.

Si les responsables des formations politiques ont pour la plupart soutenu la position courageuse du maire, on ne peut pas dire qu’il ait reçu beaucoup d’encouragements de la part du gouvernement, dont les membres n’ont réagi que tardivement et pas les ministres les plus emblématiques, trop occupés à regarder ailleurs comme la Première d’entre eux, tout comme le Président de la République. C’est pourtant lui qui a inspiré la mise en place de ces structures, mais il laisse les élus locaux se débrouiller avec les factieux qui saisissent ce prétexte pour attaquer ceux qui sont « à portée de baffes » et ne disposent pas des moyens de l’état pour éloigner les fâcheux, munis de casseroles ou non. Tout ce qui va se faire de concret c’est apparemment un nouveau texte concernant l’immigration qui sera présenté dès que la situation politique le permettra et qui ne règlera rien. On célébrera le mariage de la carpe et du lapin, quelques régularisations pour faire plaisir aux patrons en manque de personnel, et des expulsions en pagaille pour tenter de concurrencer le Rassemblement national. À vouloir contenter tout le monde et son père, on sait bien ce qu’il advient, car l’enfer est pavé de bonnes intentions.