De l’hallali à la curée

C’est une véritable chasse à l’homme à laquelle nous assistons dans l’affaire Palmade. Nous avons entendu l’hallali, ce son de trompe poussé par les médias pour informer de la mise à mort prochaine de l’animal, et en ce moment même, c’est la curée, où l’on distribue leur part aux journaux à scandale qui font leurs choux gras de tous ces rebondissements soigneusement mis en scène pour un profit maximal. Entendons-nous bien. Il n’est pas question pour moi de prendre la défense de Pierre Palmade dans le cadre de l’accident qu’il a provoqué sous l’emprise de drogue. Il a commis une grave erreur et il sera jugé pour cela.

Il sera d’ailleurs bien difficile à la justice de rendre un jugement serein compte tenu du retentissement médiatique de cette affaire et son développement dans l’opinion publique. Si l’on s’offusque parfois d’un traitement de faveur à l’égard des puissants quand ils sont mis en cause, on doit symétriquement demander que l’équilibre soit garanti et que la défense puisse présenter ses arguments. Ici, on mélange tout. La sécurité routière et la toxicomanie, le trafic de drogue et le mariage pour tous, la protection infantile et les préférences sexuelles. Rajoutez-y un fond d’homophobie et de racisme ordinaire, et vous avez tous les ingrédients pour une presse de caniveau. Le dernier rebondissement en date concerne une dénonciation de la possession par l’humoriste d’images à caractère pédopornographique, ce qui est un délit. Cette information a été livrée au public avant même d’avoir été vérifiée, et restera dans l’esprit des gens, même si elle devait se révéler infondée. En aucun cas, cet élément ne peut avoir eu d’influence sur le tragique accident provoqué par Pierre Palmade, mais le feuilleton risque de continuer jusqu’à ce qu’un autre fait-divers vienne le supplanter dans l’appétit insatiable du public pour le spectaculaire.

S’il en était besoin, il y a une excellente preuve du potentiel émotionnel de cette affaire, et c’est la tentative de récupération politique par le ministre de l’Intérieur. On se souvient du précédent créé par Nicolas Sarkozy quand il occupait le poste et qui pouvait se résumer à « un fait-divers, une loi ». Gérald Darmanin semble avoir retenu la leçon, et le bénéfice qu’il pourrait en tirer. Après tout, le parcours de Sarkozy lui a permis d’accéder à la présidence de la république, et le locataire actuel de la place Beauvau ne fait pas mystère de ses ambitions pour 2027. Il propose donc de requalifier les accidents causant la mort sans intention de la donner, en « homicides routiers » et de retirer le permis de conduire aux responsables conduisant sous l’emprise de drogue dès la première infraction. Gérald Darmanin veut ainsi peaufiner une image de sévérité aux antipodes d’un pseudo-laxisme imputé à la Justice.

Commentaires  

#2 Rogier-Ressayre chan 22-02-2023 18:19
entiérement d'accord...
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#1 jacotte86 20-02-2023 11:24
trop c'est trop...je croyais qu'on ne tirait pas sur une ambulance!!
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