
Je pèse mes mots
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 17 mai 2025 11:03
- Écrit par Claude Séné

Du moins, j’essaie, et ce n’est pas facile quand il s’agit d’aborder des questions aussi sensibles que les conflits israélo-palestiniens ou la guerre d’agression de la Russie en Ukraine. Un des derniers à s’être fourvoyé en public, c’est l’animateur, ou devrais-je dire l’agitateur, Thierry Ardisson, qui a fait un parallèle entre Gaza et Auschwitz, en s’étonnant qu’un peuple martyr qui a subi l’horreur absolue de la Shoah puisse faire subir de telles atrocités au peuple palestinien en bloquant systématiquement l’aide humanitaire qui lui est destinée. Ardisson s’en est rapidement excusé auprès de ses amis juifs, en rappelant ses positions constantes contre l’antisémitisme.
Il reste que la question se pose de savoir si le peuple palestinien est l’objet ou non d’un véritable génocide, comme le suggère Tom Fletcher, responsable britannique des opérations humanitaires de l’ONU, qui dénonce « un risque plausible » de génocide à Gaza en demandant au Conseil de sécurité d’agir. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, lui, franchit le pas en déclarant ne pas vouloir commercer avec un état génocidaire. Pendant ce temps, Emmanuel Macron semble bien embarrassé, et tente de s’extraire du débat en refusant d’utiliser le terme de génocide, sans en exclure totalement le bien-fondé, au motif que ce serait aux historiens ou aux juges de trancher, et non à lui. Serait-ce un reliquat d’une éducation jésuite ? Par ailleurs, il a dénoncé « une situation humanitaire intolérable » à Gaza, et déclaré redoubler d’efforts pour obtenir un cessez-le-feu afin de permettre l’acheminement des aides humanitaires actuellement bloquées par Netanyahou. Pire encore, après une nuit de bombardements intensifs, l’armée israélienne entame une intensification des tirs et des frappes d’envergure pour amener les Palestiniens encore présents dans leurs champs de ruines à s’exiler toujours plus loin de chez eux.
Pendant ce temps, les discussions entamées en Turquie entre les délégations russes et ukrainiennes s’enlisent dans la question de la possibilité de déclarer une trêve entre les pays belligérants pour discuter plus sereinement d’un processus de pourparlers en vue d’une paix « juste et durable ». Si la situation à Gaza est « intolérable », le refus des Russes d’un cessez-le-feu inconditionnel, est, quant à lui, « inacceptable » selon Emmanuel Macron, à qui il va bientôt falloir un dictionnaire des synonymes assorti d’une balance de précision, un trébuchet, pour choisir le prochain terme adéquat à une nouvelle situation délicate. Je ne peux lui faire grief de ce souci du détail ni du choix des mots, mais il serait peut-être utile de dépasser les seules « paroles verbales » pour passer, de temps en temps, aux actes. Comme, par exemple, cette reconnaissance de l’état palestinien, souvent annoncée, toujours repoussée.