La valeur travail
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 2 février 2023 11:07
- Écrit par Claude Séné
Si l’on en croit les propagandistes gouvernementaux, au premier rang desquels trône le ministre de l’Intérieur, mais pas seulement, les Français, sous l’influence néfaste des idéologues de gauche, seraient devenus de gros fainéants, qui ne veulent pas en fiche une ramée. Les preuves de cette paresse seraient légion et expliqueraient leur attitude générale. Pour commencer, la retraite à 60 ans serait imposée aux Français, obligés de quitter le monde du travail en pleine possession de leurs moyens. La semaine de 35 heures, les RTT, les congés payés, seraient autant d’incitations à la paresse, et d’ailleurs, l’oisiveté est la mère de tous les vices, c’est bien connu.
Donc, le monde se diviserait en deux : ceux qui ont le colt, et ceux qui creusent, par conséquent, vous, sauf erreur de ma part, vous creusez. Les syndicalistes prétendent même que vous pouvez creuser jusqu’à ce que vous soyez suffisamment harassés pour vous allonger au fond du trou et attendre la fin. Pourtant, il existe des métiers que l’on exerce sans fatigue apparente, et même avec plaisir, tout en étant bien rémunéré. Je n’ai pas entendu une seule fois Bernard Arnaud se plaindre de la pénibilité de son travail, et Dieu sait à quel point le poids de ses responsabilités et la fortune qui y est rattachée peuvent être épuisants. Même si le milliardaire français, l’homme le plus riche de la terre, réussissait à ne pas dormir du tout, la valeur d’une minute de son temps de travail excèderait très largement celle de votre existence tout entière, même très longue, comme je vous le souhaite. Là, je comprends très bien ce que sous-entend la valeur travail, qui est effectivement sonnante et trébuchante. Mais si le nombre de milliardaires est en augmentation notable en France depuis l’arrivée de leur protecteur au sommet de l’état, la généralisation à toute la population paraît improbable.
Alors, si la rémunération est insuffisante, l’intérêt pour la fonction pourrait être un moteur pour vouloir travailler sans compter ses heures, ce que suggèrent les moralistes modernes pour stigmatiser leurs contradicteurs. Malheureusement, les conditions de travail sont trop souvent un obstacle insurmontable au plein épanouissement des salariés dans leur activité professionnelle. On a même parfois l’impression que c’est voulu. Enseigner ou soigner. Sur le papier, ce devraient être les plus beaux métiers du monde. Et pour quelques-uns, relativement privilégiés, ça l’est. Mais pour le plus grand nombre, ce sont des fonctions épuisantes, au point de renoncer parfois à faire une carrière complète dans un milieu devenu hostile. Avec la relative diminution du chômage de masse, certains métiers sont déclarés « en tension ». Comprenez que les candidats ne se bousculent pas au portillon pour exercer un job pénible et mal payé. Au point que nous ne pourrions pas tenir sans l’appoint de travailleurs étrangers, qui apportent leur valeur ajoutée.