Chasse : la preuve par neuf
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 17 janvier 2023 11:02
- Écrit par Claude Séné
On attendait avec intérêt le verdict dans le procès en correctionnelle sur le décès de Morgan Keane, tué par balle alors qu’il coupait du bois dans son jardin. L’auteur du coup de feu, disant avoir confondu Morgan avec un sanglier, a écopé d’une peine de 2 ans d’emprisonnement assortie du sursis, et il est interdit de chasse pour le reste de ses jours. S’il s’était agi de moi, qui ne suis pas chasseur et éprouve une aversion instinctive pour les armes, la question ne se serait même pas posée.
Cette sanction est purement symbolique et ne prémunit absolument pas contre d’autres « accidents » à venir. Le chasseur incriminé était un débutant, et il n’a pas respecté une des règles destinées à éviter de blesser ou de tuer des personnes, en pointant l’arme de façon à ce que la balle se fiche dans le sol à l’issue de sa trajectoire. Le directeur de la battue a lui aussi été condamné avec sursis à 18 mois et son permis suspendu pour 5 ans. À la suite de cette malheureuse affaire, le débat sur la chasse en général a été relancé, et certaines associations ont plaidé pour instaurer une journée sans chasse, de préférence le dimanche, où beaucoup de familles aiment se promener, par exemple pour ramasser des champignons. Je dois dire que ce n’est jamais sans une certaine appréhension que j’entends des abois ou des coups de fusil, quel que soit le jour de la semaine pendant des promenades supposées paisibles. Le gouvernement devait donc statuer sur la question, comme c’est son rôle et nous n’avons pas été déçus du voyage. Pas question de restreindre la liberté de chasser, mais un tour de passe-passe dont ce gouvernement a le secret.
Les accidents de chasse, toutes catégories confondues, se produisent évidemment surtout le dimanche et le samedi, là où il y a le plus de pratique, mais la ministre de l’Écologie, chargée du dossier, est allée chercher une statistique qui semble faite sur mesure, pour démontrer que les seuls accidents mortels touchant des non-chasseurs se répartissent équitablement sur tous les jours de la semaine, avec une légère préférence pour le jeudi. Pourquoi ? La ministre avoue son incapacité à fournir une explication à ce phénomène. Cela lui suffit cependant pour écarter la mesure la plus évidente pour faire diminuer les accidents. Mais la mesure phare, qui m’a fait sauter de ma chaise, c’est l’application délimitant les secteurs où une chasse est en cours, afin que les promeneurs les évitent. Cela existe déjà en droit, et a été instauré pour protéger les animaux, cela s’appelle une réserve. Quand une telle mesure s’applique à des êtres humains, cela donne les territoires octroyés aux populations indiennes pendant la conquête de l’Ouest. C’est quand même fort de café !