Noël aux chandelles…

Et Pâques aux bougies ! Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Il y a seulement deux ans, le président Macron ironisait sur les obscurantistes qui selon lui, « voudraient revenir à la lampe à huile » et déclarait qu’il ne croyait pas « au modèle Amish ». Mais ça, c’était avant. Avant que les Français découvrent l’étendue du désastre qui fait que nous sommes à la merci d’un épisode de froid intense cet hiver, ce qui après tout n’aurait rien d’étonnant, et qu’ils seraient bien contents de pouvoir au moins s’éclairer, fut-ce avec une lampe à huile, à défaut de se chauffer par des moyens archaïques.

Les membres du gouvernement se sont relayés dans les médias depuis quelques jours pour nous expliquer ce qui se passerait si les conditions climatiques amenaient la France à devoir consommer plus d’électricité qu’elle n’en produit, ce qui est déjà le cas, et que nos voisins ne puissent pas nous dépanner en nous vendant ce qui nous manque. L’exercice est périlleux, voire impossible, car le pouvoir veut inquiéter et rassurer « en même temps », selon l’expression chère au Président. Voilà ce qui n’arrivera pas, nous dit-on en substance. Qui peut croire un tel discours ? Quand on rentre à ce point dans les détails d’un plan de pénurie plus ou moins organisée, allant jusqu’à l’alimentation des digicodes d’immeuble, c’est bien que le niveau de probabilité d’une telle situation est très élevé. L’état prétend que tout sera sous contrôle alors que la fermeture de beaucoup d’entreprises, celle des écoles, des transports, devront entraîner des perturbations monstres, et mettre momentanément à l’arrêt l’économie nationale, sans parler des gênes diverses et variées pour les citoyens.

Comment en est-on arrivé là ? Coluche nous avait prévenus : « les technocrates, tu leur donnes le Sahara, au bout de 5 ans » (un quinquennat, donc) « il faudra qu’ils rachètent du sable ailleurs ». La France dépend essentiellement de la production des centrales nucléaires, et l’état a laissé pourrir la filière, sans avoir mis en place des énergies de substitution, renouvelables ou non. La moitié environ des réacteurs est à l’arrêt, et les futurs EPR supposés prendre la relève sont encore dans les limbes. L’éolien a beaucoup de mal à convaincre, du fait de nuisances visuelles et sonores. Reste le photovoltaïque, mais il faudra beaucoup de temps pour le déployer. Les plus optimistes tablent sur les économies que pourraient réaliser les Français, et c’est peut-être la raison principale de cet état d’alerte médiatique généralisé. À part sonner le tocsin, je ne vois pas ce que le gouvernement pourrait imaginer de plus. Ou bien, ce serait une façon de se défausser pour la énième fois, de faire porter la responsabilité des difficultés sur le manque de civisme de la population.