Le magicien des mots
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 17 juillet 2022 10:22
- Écrit par L'invitée du dimanche
Humoriste sans devancier et sans successeur, parce que unique dans sa forme d’humour, maître du comique de l’absurde, l’alchimiste du verbe, le jongleur de mots, le spécialiste du jeu des sens des mots… vous l’avez deviné rendez-vous avec Raymond Devos.
De nationalité française, il nait en Belgique l’autre pays de l’humour en 1922 ! Un début d’enfance heureuse, avec une maman sensible à la musique, un père comptable qui se lance dans les affaires, six frères et sœurs. Tout bascule quand le père faisant faillite disparaît, laissant la famille dans une situation précaire. Après une scolarité à Tourcoing, c’est un élève brillant, on le retrouve en banlieue où commence une vie difficile, supportant la misère pendant des années « en partageant le peu qu’on avait ». À 13 ans, il travaille aux halles, une dure école de la vie…, il est envoyé en Allemagne avec le STO, où, dira-t-il, j’ai continué à crever de faim.
Il rêve d’être artiste, il est doué pour raconter des histoires, et fait preuve d’une grande soif d’apprendre (ses inspirateurs, Bachelard, Marcel Aymé, Alfred Jarry, Boris Vian, Raymond Queneau) il s’inscrit aux cours de théâtre du Vieux-Colombier, où il continue à crever de faim dans une petite chambre dans les combles d’un hôtel de Saint-Germain-des-Prés. Il intègre la compagnie théâtrale de Jacques Fabbri, il suit des cours de mime, il rencontre le mime Marceau…, repéré par Maurice Chevalier, ce dernier lui confie la première partie de son spectacle à l’Alhambra. Il fait des mimes, du jonglage, de la musique, et essaie ses sketches. C’est tout de suite le succès ! Il devient populaire, on lui offre la scène de Bobino ou de l’Olympia, mais il reste un homme solitaire en marge du show-business.
Quelques extraits de son jeu avec l’absurde.
Si l’on peut trouver moins que rien, c’est que rien vaut déjà quelque chose.
Il m’est arrivé de prêter l’oreille à un sourd. Il n’entendait pas mieux.
Qui prête à rire n’est jamais sûr d’être remboursé.
Une fois rien c’est rien, deux fois rien ce n’est pas beaucoup, mais pour trois fois rien on peut déjà acheter quelque chose et pour pas cher.
Je crois à l’immortalité, et pourtant je crains bien de mourir avant de la connaître.
Le parcmètre
Les parcmètres, c’est une tricherie.
Vous savez que ça rapporte une fortune aux pouvoirs publics.
Une fortune.
Je le sais parce que mon voisin s’est fait installer un petit parcmètre clandestin devant chez lui.
Tous les soirs, il va retirer la recette.
Il vit bien.
Il s’est même acheté une voiture.
Évidemment, il l’a mise devant son parcmètre.
Depuis, il ne fait plus un rond.
Mais ça, c’est de sa faute.
Poète de la langue française à l’humour subtil, il pensait que le rire était une chose sérieuse avec laquelle il ne fallait pas plaisanter, une nécessité vitale au même titre que le rêve. Amuseur philosophe, il voulait susciter « un rire capable de témoigner de la folie du monde et des choses, reposant sur le quotidien, le banal qui dérape, un antidote à nos peurs ».
Il est mort en 2006 avant de connaître son immortalité !!!
L’invitée du dimanche