Bouts de chandelles

Qu’on se le dise. Si l’été est chaud, voire brûlant, hiver être froid et homme blanc devra faire ses stocks de bois pour ne pas geler sur place, faute de carburant pour faire tourner l’économie. C’est le grand Sachem Macron qui nous l’a promis, il va falloir faire des sacrifices pour faire face aux pénuries de toutes natures qui nous attendent. Selon lui, la guerre en Ukraine n’est pas près de s’arrêter, et si l’on compte sur lui pour persuader Poutine de négocier, on ne peut qu’être d’accord avec lui sur ce point. Le président a donc annoncé qu’il allait falloir s’organiser pour consommer moins et consommer mieux.

Ce « plan de sobriété » présente le gros avantage de permettre une sorte d’union nationale, qui fait cruellement défaut actuellement sur le plan politique. Tous les partis devraient se retrouver dans une stratégie visant à baisser la consommation d’énergie de 10 %, surtout si c’est totalement indolore en éteignant les enseignes lumineuses la nuit, par exemple. Il suffirait de remettre au goût du jour les campagnes de sensibilisation du public utilisées en 1973, puis en 1976, pour absorber le choc pétrolier et faire la fameuse « chasse aux gaspis ». Le maître mot de cette campagne en préparation devrait être celui de sobriété, auquel il ne manque plus qu’à accoler l’adjectif, heureuse, pour évoquer un monde meilleur, respectueux de l’environnement, en pleine transition écologique.

Désolé de casser l’ambiance, mais ce monde de Bisounours n’est pas vraiment à l’ordre du jour. La dépendance de l’Europe à l’égard du gaz russe aboutira mécaniquement à une hausse massive du coût de l’énergie, et l’on ne voit pas comment de simples mesures d’économie permettraient de compenser cette pénurie annoncée. Bien sûr, les importations de gaz de schiste, si nuisible à l’environnement par la fragmentation hydraulique qu’il suppose, compenseront en partie le manque, mais ce ne sera pas suffisant. Il faut développer massivement les énergies véritablement renouvelables, le solaire et l’éolien, d’autant plus que la filière nucléaire non seulement est vieillissante, mais présente des risques limitant son utilisation. Les nouvelles générations d’EPR ne sont pas opérationnelles, et la question du refroidissement des réacteurs n’est pas totalement réglée avec le réchauffement climatique et la sécheresse qui s’ensuit. La vision à long et moyen terme, qui devrait être l’apanage du chef de l’état, manque singulièrement, qui ne nous propose que des économies de bouts de chandelles pour essayer de passer l’hiver.