La faute impardonnable de la rafle du vélodrome d’hiver
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 15 juillet 2022 11:28
- Écrit par Claude Séné
C’est pendant ce week-end que nous commémorerons le 80e anniversaire de cet évènement dont nous ne gardons presque aucune trace d’époque. Ces deux jours des 16 et 17 juillet 1942 où l’état français a commis l’irréparable en arrêtant 13 000 juifs, dont plus de 4 000 enfants, à la demande de l’occupant nazi, certes, mais en utilisant ses propres forces de police, avec un zèle coupable. Il a fallu attendre 1995 et un discours de Jacques Chirac, alors président de la République, pour que la France reconnaisse sa responsabilité totale dans cet épisode, qui symbolise la politique de collaboration prônée par le maréchal Pétain.
La fiction officielle, destinée à tenter de réparer la déchirure profonde du peuple français, voulait que le pouvoir exercé par Philippe Pétain ne représentait pas la France, mais une petite fraction de « collabos », l’ivraie qu’il avait fallu « épurer » pour les séparer du bon grain, celui de l’immense majorité des Français résistants, parmi lesquels un bon nombre d’ouvriers de la 25e heure. La tendance actuelle, sans réécrire l’histoire, veut que la France assume tout ce qui a été fait en son nom et en tire toutes les conséquences. C’est vrai pour les colonisations, comme pour cette soumission à l’occupant pendant la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, cet épisode de la participation de la France à la solution finale, celle de l’extermination des juifs, reste mal connu, faute de documentation et d’images. Des travaux d’historiens ont cependant établi avec certitude les responsabilités des uns et des autres. Le Maréchal Pétain, contrairement à ce qu’il affirmait et qui a été repris par Éric Zemmour dans sa campagne présidentielle, n’a pas sauvé de juifs français en livrant des juifs étrangers. Il est pleinement responsable de toutes les rafles exécutées en France, également en province, et de l’envoi vers une mort programmée dans les camps d’extermination des nazis des juifs ainsi arrêtés.
Les juifs français, un temps épargnés, subiront le sort commun des autres nationalités. À Paris, c’est René Bousquet, alors secrétaire général de la Police parisienne, qui organisera les opérations, mettant un point d’honneur, si l’on peut dire, à ce qu’aucun occupant allemand n’ait besoin d’y concourir. De ce fait, chaque commissaire, chaque policier, a eu à faire le choix d’exécuter les consignes sans attendre, ou de laisser échapper les juifs qu’ils devaient arrêter. Certains ont d’ailleurs permis aux familles de s’enfuir, avec un résultat paradoxal d’un bilan inférieur aux prévisions de la police, mais sur une base bien supérieure aux demandes allemandes. La rafle du vél d’hiv reste dans l’inconscient collectif emblématique de cette guerre perdue, la tentation du bouc émissaire constitué par une composante de la société, caricaturée pour mieux la détruire, un antisémitisme qui gangrène la société française comme la plupart des pays à l’époque, la lâcheté des dirigeants et de ceux qui possédaient une once du pouvoir, et l’héroïsme ordinaire de quelque « justes » qui ont eu le courage d’agir ou même simplement de désobéir.