Fête nationale
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 14 juillet 2022 10:51
- Écrit par Claude Séné
« Le jour du Quatorze Juillet, je reste dans mon lit douillet ». À l’instar de l’oncle Georges, je n’ai jamais été un adepte des défilés militaires, et je ne vois pas de raison particulière pour déroger à ma propre règle cette année. Si l’étalage de notre supposée force armée était de nature à impressionner nos ennemis potentiels, je crois que ça se saurait, depuis le temps que nos troupes défilent sur les Champs Élysées. Je n’ai pas remarqué que la Fédération de Russie dirigée par le sympathique camarade Poutine ait marqué la moindre hésitation avant d’attaquer l’Ukraine, du fait des représailles possibles.
Et pourtant, le président Macron, comme ses prédécesseurs, joue à fond la carte du prestige conféré à celui qui devient, dès son élection, le chef des armées, privilège incluant la responsabilité de pouvoir déclencher le feu nucléaire en cas de nécessité. Aux dernières présidentielles, une partie du résultat a été acquis grâce à l’effet « drapeau », quand la nation se regroupe instinctivement derrière le chef en raison de menaces de guerre. Comme la plupart des peuples, et en dépit d’une réputation de frondeurs, les Français sont plutôt légitimistes. Pour ce 14 juillet, Emmanuel Macron s’est payé un petit baptême de l’air avec la patrouille de France, et il a décidé de renouer avec l’exercice de l’interview présidentielle, auquel il n’a sacrifié qu’une fois en 2020, contrairement à la plupart de ses prédécesseurs. Les motivations du Président sont évidentes. La perte de la majorité absolue à l’Assemblée nationale l’a indéniablement affaibli, et il escompte reprendre l’avantage dans le discours, à défaut d’imposer ses volontés comme auparavant. On voit par là le statut qu’il assigne à ces interviews, un exercice qu’il n’aime guère, comme un instrument de son pouvoir.
C’est lui qui décide si l’interview aura lieu ou non, et qui accepte les journalistes selon son bon vouloir. Il avait par exemple récusé Anne-Sophie Lapix pour le débat présidentiel de l’entre-deux tours. Dans une démocratie, on pourrait attendre que cette interview soit l’occasion de rendre des comptes sur la situation du pays, et non un objet de propagande présidentielle pour promouvoir des options qui n’ont pas convaincu une majorité d’électeurs. Ce sera aussi l’occasion de relancer l’initiative du service national universel, qui peine à s’imposer, ce dont je me réjouirais plutôt. Le seul intérêt de cette organisation, coûteuse en temps, en moyens et en infrastructures, c’est de permettre un certain brassage de la population jeune. Je ne pense pas que l’armée soit la mieux placée pour assumer cette mission, pas plus que pour rétablir l’ordre dans les quartiers difficiles. Je ne voudrais pas terminer cette chronique sans souhaiter un bon anniversaire à tous les Fêtnat qui ont été baptisés selon la coutume consistant à donner le nom du saint du calendrier aux enfants nés ce jour-là, tels que les jean bedel à cause de l’abréviation de Jean-Baptiste de la Salle, faute de place.