Ces gens-là

Cette fois, on en a la confirmation sans équivoque. Pour constituer son gouvernement, Emmanuel Macron a été obligé de racler des fonds de tiroir et chercher des personnages plus que douteux sur le plan de l’ouverture d’esprit. Pour parler clair, le magazine Têtu publie une tribune dénonçant l’homophobie de trois ministres. Pour Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, ce n’est ni un scoop ni une révélation. Il a participé en 2013 à une manifestation contre le mariage pour tous. De même pour Christophe Béchu, nouvellement nommé ministre de la Transition écologique, qui a signé une tribune hostile au mariage gay dans valeurs actuelles et qui avait fait retirer dans la ville d’Angers dont il était le maire, des affiches de prévention du Sida où figuraient des couples d’hommes.

La troisième ministre, qui travaille avec les deux premiers aux collectivités territoriales, Caroline Cayeux, s’était distinguée par un jugement sans appel contre le mariage pour tous, qualifié de « caprice » « irrespectueux de la nature ». sa défense n’a fait qu’empirer le mal par sa maladresse insigne. Madame Cayeux ne retire pas une virgule de ses déclarations de 2013, tout en s’excusant d’avoir pu blesser un certain nombre de personnes. Elle se targue alors de connaître beaucoup de « ces gens-là », comprenez, les homosexuels, et de compter parmi eux « beaucoup d’amis ». Je ne peux pas m’empêcher de faire le rapprochement avec les propos de Jean-Marie Le Pen en son temps quand il croyait démontrer son ouverture d’esprit en affirmant avoir du personnel de maison noir, ou bien quand il vantait les qualités physiques de ses amis africains.

Pour ma part, ce sont ces personnages qui nous gouvernent sans nécessairement avoir fait la preuve de leur compétence ou de leur efficacité, que je rangerais dans la catégorie de « ces gens-là ». Ceux dont Brel disait, chez ces gens-là, on ne pense pas, monsieur, on prie. Ceux qui prétendent : je connais très bien les enfants, d’ailleurs, j’ai été un enfant moi-même, en guise de CV. Ceux qui, comme Caroline Cailleux, touchent les dividendes de leur élection à la mairie de Beauvais, en se présentant sous diverses étiquettes, et en monnayant leurs investitures. Ceux dont on pourrait croire qu’ils n’ont guère de convictions, jusqu’à ce qu’on découvre qu’on aurait préféré une ignorance miséricordieuse, au bénéfice du doute. On atteint ici comme ailleurs, les limites d’une position contradictoire. Le « en même temps » n’est pas tenable sur les sujets de société. Et le manque d’une majorité absolue pour soutenir l’action présidentielle va très vite se faire sentir.