L’économie pour les nuls
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 8 juillet 2022 10:53
- Écrit par Claude Séné
Avouons-le. Pour le commun des mortels, l’Économie avec une majuscule, c’est un peu le pot au noir, le domaine réservé aux têtes d’œuf, auquel on ne comprend généralement pas grand-chose. C’est pourquoi l’initiative de BFMTV qui a créé un calculateur en ligne pour permettre à chacun de savoir combien lui coûtait l’inflation m’a parue intéressante. Pour ceux qui voudraient utiliser cet outil, je leur donne rendez-vous au bas de ce billet* BFM prend l’exemple d’un salarié qui touchait 1500 euros nets par mois en décembre 2021, et qui n’a eu aucune augmentation jusqu’en juin dernier, tandis que l’inflation, calculée par l’INSEE, a progressé de 4,3 %. Il a perdu 61,84 €, car son salaire lui permet d’acheter moins de biens et de services.
Alors quand le gouvernement m’annonce royalement une hausse du point d’indice de 3,5 %, je n’ai pas besoin d’une calculette pour m’apercevoir qu’elle ne compensera même pas l’inflation sur 6 mois, sans préjudice de l’inflation passée alors que les salaires des fonctionnaires étaient gelés ni de l’inflation à venir, contre laquelle nos dirigeants sont impuissants. Plus le salaire de référence sera élevé, plus la perte de pouvoir d’achat effectif sera donc importante. Moi qui suis dans la médiane des Français, avec un revenu d’environ 2000 euros, j’ai donc perdu 82 euros sur 6 mois et je n’en rattraperai que 70. Les plus petits salaires sont les plus vulnérables, car la hausse des prix touche principalement des dépenses contraintes, comme l’alimentation, et les dépenses liées à l’énergie, notamment le carburant, indispensable pour aller travailler, surtout en milieu rural. Quand les plus pauvres doivent se serrer la ceinture et renoncer aux fameux fruits et légumes vantés par les spécialistes de santé, les plus aisés pourront différer des dépenses non indispensables, ou épargner moins. Tous les plans destinés à aider les victimes d’une économie profondément inégalitaire, les chèques et remises de toutes sortes ne sont donc que des sparadraps qui masquent mal les disparités fondamentales qui font que les salaires sont globalement insuffisants pour faire face aux augmentations continuelles de charges.
Presque toutes les catégories sociales demandent des augmentations de salaire, et quelquefois, comme par miracle, les obtiennent, comme à la SNCF récemment. Là aussi, il n’est pas besoin d’avoir fait des études approfondies en économie pour comprendre que si la main-d’œuvre vient à manquer, il y a bien une raison. Surtout quand on apprend par ailleurs que certains dirigeants et certaines sociétés ont fait et font encore des superprofits grâce à la crise. Jusqu’à l’économiste en chef qui préside le pays qui s’en est aperçu, c’est dire comme c’est visible. Le gouvernement a donc prévu de proposer une loi dite de pouvoir d’achat, dont on comprend qu’elle sera discutée à la marge, mais en excluant toute mesure qui augmenterait la dette de l’état ou le volume des impôts. Pour ceux qui n’auraient pas compris, ça passe ou ça casse. Quelle nouveauté !