La fin de la honte ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 6 juillet 2022 10:57
- Écrit par Claude Séné
35 enfants et 16 femmes en provenance de Syrie ont été « rapatriés » hier, selon le Quai d’Orsay, après 3 longues années passées dans des camps en Syrie, suite à la chute de l’état islamique. Pourquoi a-t-il fallu tant de temps et de démarches menées par les familles ainsi que les organisations non gouvernementales ? Au nom d’une doctrine qui, avec le recul, peut être qualifiée de criminelle, l’examen des dossiers « au cas par cas », source de retards, d’injustices et de souffrances inutiles. Pour justifier ces délais, au mépris de l’intérêt des enfants, on est allé jusqu’à les soupçonner d’être des « bombes à retardement ».
Ces enfants, qui n’ont rien demandé, seraient de futurs djihadistes, du simple fait d’être nés de personnes adultes, ayant commis ou facilité des actes terroristes. On a agité devant l’opinion des stéréotypes de mères telles que Émilie König, qui reconnait avoir eu un comportement criminel et s’attend donc, à juste titre, à être jugée pour ses actes. Les situations sont pourtant claires et auraient pu faire l’objet d’une mesure globale. Les Kurdes, qui gèrent les camps où se trouvent la plupart des ressortissants français, n’ont pas la capacité de juger les combattants de Daesh qu’ils détiennent. Il est donc logique pour la France de les faire revenir pour qu’ils répondent de leurs actes. Dans le cas des enfants, ils sont logiquement confiés à l’Aide sociale à l’enfance, qui peut les remettre, le cas échéant, à leur famille, souvent les grands-parents, quand ils le souhaitent, ou leur trouver une famille d’accueil. Comme dans toute nation civilisée, le lien parental peut être préservé même si les mères sont incarcérées. Les pères sont généralement absents, morts ou disparus au combat.
Ce retour plus massif qu’à l’ordinaire semble signer la fin du cas par cas, mais il reste encore environ 160 enfants et une soixantaine de femmes à récupérer, et le plus tôt sera le mieux. Il aura fallu des actions conjointes de l’Unicef, la Croix rouge, le collectif Familles unies, et des personnalités telles que Boris Cyrulnik ou Serge Hefez, pour faire plier le président de la république et le convaincre de s’engager dans la voie de la simple humanité. Je n’ose pas croire que la motivation d’Emmanuel Macron à ne pas rapatrier sans délai tous ces enfants, trouverait racine, comme je l’ai entendu, dans l’état de l’opinion, majoritairement hostile au retour des femmes de terroristes sur le sol national. Ce serait bien triste de sacrifier des enfants, dont certains n’étaient même pas nés au moment de la chute de l’état islamique, pour gagner quelques points dans les sondages. Il y a des moments où les politiques ont rendez-vous avec l’Histoire. On retiendra le nom de Robert Badinter pour avoir obtenu l’abolition de la peine de mort quand l’opinion n’y était pas favorable.