Éric qui ?

« Il avait nom Éric Zemmour, ô gué, ô gué, tout le monde ne peut pas s’appeler Durand, ô gué, ô gué », à chanter sur l’air de la chanson originale de Georges Brassens, Corne d’aurochs. Éliminé dès le premier tour de l’élection législative dans la 4e circonscription du Var, Éric Zemmour confirme son échec à la présidentielle, et retourne dans les oubliettes de l’histoire dont il n’aurait jamais dû sortir. Quand on pense que certains sondages avaient crédité le polémiste de 18 % d’intentions de vote, avant que le soufflé retombe et qu’il termine à 7 % des suffrages, loin derrière Marine Le Pen !

Tout comme des prédécesseurs donnés gagnants avant de s’effondrer, tel Édouard Balladur en 1995 ou Alain Juppé en 2017, Éric Zemmour a bénéficié d’une bulle médiatique, à laquelle les gens avaient fini par croire, mais qui ne reposait sur aucune réalité. Son parti, Reconquête, a échoué à faire alliance avec le Rassemblement national pour les élections législatives. Réduit à ses seules forces, il n’a recueilli que 4 % des votes et n’a aucun candidat qualifié pour le second tour. C’est déjà, en soi, une satisfaction. Une deuxième est de relever le coup d’arrêt pour le polémiste lui-même, et les personnes qui, en le suivant, ont misé sur le mauvais cheval, notamment Marion Maréchal, qui ne cache pas ses ambitions, mais devra patienter encore, comme Sarkozy quand il a soutenu Balladur. Toutefois, Éric Zemmour a involontairement renforcé Marine Le Pen qui a bénéficié de l’écroulement de son concurrent d’extrême droite.

Je pourrais aussi me réjouir de l’élimination de Florian Philippot ou de Guillaume Peltier, mais ces personnages ne représentent plus qu’eux-mêmes et l’échiquier politique ne sera pas plus modifié par leur défaite qu’il ne l’aurait été par leur succès. Plus intéressant est le score réalisé par l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Il a été le symbole de tout ce qui fait détester la politique quand elle est partisane, conservatrice sous des apparences de modernité, et méprisante à l’égard des serviteurs de l’état. Il a été nommé sur la recommandation de la femme du président, qui a ainsi démontré qu’elle n’y connaissait rien, et a été remplacé par son exact opposé, qui l’avait d’ailleurs vivement critiqué. Les électeurs de Montargis ont été les représentants des enseignants qui ont subi les lubies de leur ministre pendant cinq ans en ne lui accordant que peu de leurs votes. En plus d’avoir été mauvais ministre, il est d’ailleurs mauvais perdant, puisqu’il a annoncé déposer un recours sur le décompte des voix au motif du faible écart avec le deuxième. On en arriverait à regretter qu’il ne soit plus en exercice, pour savourer son renvoi à ses chères études du fait de son échec. On se consolera, je l’espère, avec une liste conséquente de ministres battus et congédiés dès dimanche prochain.