Quand le sort s’acharne
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 18 août 2021 11:00
- Écrit par Claude Séné
On dirait parfois que tous les malheurs du monde se donnent rendez-vous pour s’acharner sur un territoire et un peuple. Cela semble être le cas de la République d’Haïti, qui vient de subir, coup sur coup, un nouveau séisme meurtrier qui a fait près de 2 000 morts, sans compter environ 10 000 blessés, les dégâts matériels et le traumatisme, puis le passage d’une tempête tropicale qui s’est abattue sur des populations qui avaient déjà perdu pour la plupart tout abri, et craignaient des répliques, les empêchant de se protéger et les laissant encore plus démunies.
Haïti partage l’ile d’Hispaniola avec la République dominicaine, mais la situation économique et politique des deux états est très différente. Grâce au tourisme, Saint-Domingue s’est donné les moyens de se relever des catastrophes naturelles telles que tremblements de terre et ouragans qui ne l’épargnent pas non plus. Sa richesse relative lui permet une organisation de secours et de prévention totalement absente chez sa voisine, qui est parmi les pays les plus pauvres de la planète. Pour ne rien arranger, Haïti a souvent été soumise à un véritable racket de la part de ses dirigeants, comme au temps de la dynastie des Duvalier, qui mettait le pays en coupe réglée tout en imposant un régime dictatorial grâce aux « tontons Macoutes » de sinistre mémoire. En ce moment, le président ne peut pas nuire à son peuple puisqu’il a été exécuté sommairement par un commando de mercenaires dont on ignore encore pour l’instant les motivations et les commanditaires.
L’Union européenne a d’ores et déjà annoncé une aide humanitaire de 3 millions d’euros, et la France, j’imagine, apportera son écot, en moyens financiers et humains à ce pays martyr avec lequel nous avons entretenu des relations amicales depuis toujours, même parfois à mauvais escient en soutenant des régimes contestables ou en offrant l’asile à d’anciens dirigeants corrompus. La population parle créole ou français et notre image y est restée forte. Des organisations non gouvernementales tentent toujours de maintenir un niveau minimal d’aide aux populations, mais leur tâche est compliquée par le manque d’organisation sociale et un état défaillant, pour ne pas dire absent comme en ce moment. Tant qu’il ne sera pas restauré un minimum de structures d’état, on ne voit pas comment le pays pourrait se relever. Les aides qui pourraient être acheminées sur place risquent fort d’être confisquées au profit de mafias locales avant d’être distribuées à la population. On se trouve dans un tel état de chaos, qui s’est installé profondément et depuis si longtemps dans le pays, qu’il faudrait probablement une tutelle provisoire d’un pays tiers pour redresser la situation. Les États-Unis n’y sont pas prêts, eux qui se désengagent de partout, et l’on voit mal l’Union européenne, qui peine déjà à parler d’une seule voix sur la plupart des sujets, s’engager dans cette direction. Je ne vois guère que l’ONU être capable d’une telle action, mais le voudra-t-elle ?