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Placement de produits
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 13 août 2021 10:29
- Écrit par Claude Séné
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« James sortit délicatement une Craven A de son étui de cigarettes, avant de l’allumer avec son Dupont en or. Puis 007 avala une gorgée de son pure single malt de 12 ans d’âge, un Macallan, bien sûr… » Dès ses premiers romans, le créateur du célèbre agent de sa gracieuse majesté, Ian Fleming, ne dédaignait pas d’arrondir ses fins de mois en pratiquant le placement de produits. Les marques se montraient généreuses en récompensant les auteurs à succès pour cette forme de publicité déguisée, supposée déjà plus efficace que les campagnes « officielles » des produits ainsi mis en avant.
De nos jours, la publicité est partout et surtout là où l’on ne l’attend pas. Un nouveau métier est apparu, celui d’influenceur. Avec le succès grandissant des réseaux sociaux de tout poil, et l’accès facilité aux chaînes du type You tube, n’importe quel adolescent ou même enfant peut partager des vidéos qui seront visionnées des centaines, des milliers et parfois des millions de fois. La tentation est grande pour les marques de proposer de l’argent à ces nouveaux gourous pour recommander leurs produits. Les « experts » ainsi sollicités ne résistent que rarement à ces sollicitations, et cette pratique est légale, à la condition expresse de prévenir l’auditoire que le témoignage ainsi publié n’est pas totalement désintéressé et que son auteur a perçu une rémunération pour cela. C’est ainsi que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a épinglé dernièrement l’ancienne vedette de télé-réalité, Nabilla, pour avoir fait la promotion d’une société d’investissement boursier, sans mentionner qu’elle avait été payée par la firme en question. Bonne joueuse, elle a accepté de payer une amende de 20 000 euros, ce qui donne une petite idée des gains que cette activité peut générer, selon la notoriété de l’influenceur.
On peut s’apercevoir à cette occasion que les pratiques commerciales de ce type ont tendance à envahir également l’espace politique. On a vu récemment le président de la République participer à des défis lancés par des youtubeurs, et encore plus proche de nous, publier lui-même des spots publicitaires d’autopromotion déguisés en séquences d’information objective sur les sujets les plus variés. Si les politiques s’emparent des méthodes des influenceurs, ne serait-il pas légitime de leur appliquer les mêmes règles de transparence ? D’informer le public que les publireportages à la gloire du chef de l’état ne sont pas désintéressés ? Aux États-Unis, qui sont loin d’être un exemple en tout, les candidats déclarent approuver les messages diffusés en leur nom, ce qui a le mérite d’être clair. On touche ainsi du doigt les limites de la comptabilisation des temps de parole destinée à établir une certaine équité entre les candidats. Faudra-t-il désormais chronométrer les interventions de Carlito et Mcfly comme soutiens à Emmanuel Macron ? Verrons-nous un jour une plainte à l’encontre du président pour « abus de position dominante », pratique commerciale abusive ou distorsion de concurrence ?