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Dada
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 10 août 2021 10:58
- Écrit par Claude Séné
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Dada. Nom masculin. Occupation favorite, idée à laquelle on revient continuellement. « C’est son dada ». Enfourcher un dada : revenir à son sujet favori. Synonyme : marotte. À peine apprenait-on le décès dramatique du père Olivier Maire, tué à Saint-Laurent-sur-Sèvre dans des circonstances tragiques, que le ministre de l’Intérieur faisait savoir qu’il se rendrait sur place, en Vendée, pour manifester toute l’attention du gouvernement à l’égard de la communauté religieuse. Aune motivation terroriste n’est pourtant retenue à ce stade, et l’agresseur, identifié, s’est rendu spontanément à la gendarmerie.
Il n’est autre que l’incendiaire de la cathédrale de Nantes, en attente de son jugement pour ce sinistre volontaire, précisément hébergé par la congrégation montfortaine à laquelle appartient le prêtre assassiné. Bien qu’aucun indice ne permette d’orienter l’enquête sur un plan religieux, Emmanuel Abayisenga, l’assaillant d’origine rwandaise étant lui-même profondément catholique, Gérald Darmanin monte sur ses grands chevaux et axe son discours de condoléances sur l’atteinte à la communauté religieuse. « Tuer un prêtre c’est s’en prendre à la nation française tout entière ». Quelqu’un a dû lui fourguer le discours prononcé après l’assassinat du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray, dans de tout autres circonstances en 2016. Que voulez-vous, pour certains la France est restée la fille aînée de l’église, et toutes les occasions d’exprimer sa « sympathie » comme l’a fait également Emmanuel Macron, sont bonnes à prendre.
Pour la droite et l’extrême droite, notamment Marine Le Pen, le problème est ailleurs. L’assassin présumé était étranger et donc expulsable, bien avant l’incendie de la cathédrale. C’est bien connu, il n’y a de crimes que du fait des immigrés, chacun chez soi et tout ira bien. Le fait est qu’Emmanuel Abayisenga a vécu le génocide rwandais de 1994 du mauvais côté de cette lutte fratricide. Son père est exécuté sommairement et son oncle purge une peine de prison à vie. Il trouve refuge en France, dont le rôle dans le conflit est tout sauf clair. Qu’importe à Marine Le Pen, elle enfourche son dada contre l’immigration, quelles que soient les circonstances. À mon tour de me saisir d’un sujet maintes fois abordé : la grand-peur et misère de la situation psychiatrique en France en général et dans les prisons en particulier. Emmanuel Abayisenga semble avoir été victime d’un délire de persécution qui l’aurait poussé à incendier la cathédrale de Nantes pour se débarrasser d’un ou plusieurs démons. Il est visiblement très perturbé et son état imposerait des soins psychiatriques immédiats qui auraient peut-être pu éviter ce nouveau passage à l’acte. Brièvement suivi en service de psychiatrie, il y a de nouveau été admis, en interruption de sa garde à vue. On ignore encore s’il sera apte à être jugé en Cour d’assises, et si oui, s’il sera reconnu responsable de ses actes, mais, étranger ou pas, catholique ou pas, ce crime signe une faillite de notre système de santé mentale dont les moyens sont ridiculement insuffisants.