On est chez nous !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 16 février 2021 10:41
- Écrit par Claude Séné
C’est, en substance, ce qu’a voulu dire le ministre de l’Intérieur en commentant l’attaque d’une patrouille de policiers à Poissy, hier. Selon Gérald Darmanin, « tous les policiers sont partout chez eux dans la République » et « tous les halls d’immeuble sont à visiter ». Autrement dit, la République n’appartient pas aux citoyens, mais aux forces de l’ordre. On s’en doutait un peu, mais cela a le mérite d’être clair. On comprend mieux pourquoi les affrontements entre la police et les jeunes des banlieues ressemblent tant à des conflits de territoire.
Si l’état lui-même considère que la police se comporte comme une bande de plus, une bande « légitime », qui emploie des méthodes similaires à celles des voyous, alors il ne faut pas s’étonner que la guéguerre entre les gendarmes et les voleurs ne puisse pas trouver d’issue. La fonction de la police est de faire respecter l’ordre républicain, non pas pour son profit personnel, mais pour permettre à l’ensemble de la société de vivre paisiblement dans le respect des règles communes. La question des contrôles d’identité dans certains quartiers est emblématique de la situation. Le président de la République lui-même a reconnu en décembre dernier que selon la couleur de peau, on avait plus ou moins de « chances » de se faire contrôler. Un constat confirmé maintes fois par des études indépendantes. La France a déjà été condamnée pour ces pratiques discriminatoires, connues sous le nom de « contrôle au faciès » et six organisations non gouvernementales, dont Amnesty International, ont engagé une action de groupe sur le sujet à l’encontre du Premier ministre, du ministre de l’Intérieur et du Garde des Sceaux.
On en est au point où, en désespoir de cause, la Défenseure des Droits, Claire Hédon, en est réduite à proposer de créer des zones où les contrôles seraient interdits, au grand dam des conservateurs de tout poil. Ce n’est sans doute pas une solution, mais illustre le désarroi des institutions devant un phénomène qui n’a cessé de s’amplifier. Il est évidemment désastreux que dans une ville comme Poissy, dont le maire a menacé récemment de taper les familles de délinquants au portefeuille, les jeunes se vengent en organisant un vrai guet-apens à l’encontre des policiers, et les menacent verbalement et physiquement à l’aide de mortiers d’artifice, sans faire, heureusement, de victimes. Depuis que Sarkozy a délibérément cassé la police dite « de proximité », la situation n’a pas cessé d’empirer, entraînant une spirale de violence qui n’a fait que croître, à défaut d’embellir. La sécurité est devenue la pierre de touche d’une sorte de surenchère entre le gouvernement et ses opposants. C’est à qui montrera le plus ses muscles, du ministre, du Rassemblement national ou des Républicains, tous ayant intérêt à ce que la situation reste préoccupante, en espérant en tirer avantage aux élections.
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