Dur métier
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 28 janvier 2021 10:37
- Écrit par Claude Séné
Que celui de porter la parole du gouvernement, en réalité celle du président de la République, quand il s’agit d’annoncer des décisions qui ne sont pas encore prises, de telle sorte qu’on ne puisse pas par la suite démontrer une quelconque contradiction dans le discours officiel. Le jeunot désigné comme porte-parole, Gabriel Attal, semble avoir fait l’objet d’un bizutage de bienvenue quand on l’a chargé de présenter l’éventualité d’un confinement « très serré », une expression suffisamment floue pour s’adapter à toutes les situations. L’explication de texte a d’ailleurs entretenu le suspense en restant dans l’ambiguïté la plus totale.
En effet, le confinement se traduira par la fermeture des écoles, ou pas. L’interdiction de certains commerces, ou non. La restriction des déplacements selon différents critères, ou pas. La seule chose qui ressort, c’est que le couvre-feu généralisé à 18 heures sur tout le territoire semble n’avoir donné que des résultats bien minces et décevants, tout en mécontentant et en gênant une bonne partie de la population. En conséquence de quoi, il sera probablement maintenu, voire élargi. La formulation de Gabriel Attal, qui se veut œcuménique et sans risque, consiste à définir le prochain confinement par ses effets, qui doivent être « suffisamment rapides et efficaces ». Même cette définition apparemment consensuelle n’est pas sans danger. Que nous dira-t-on dans 2 ou 3 semaines, et plus si affinités, si le résultat n’est pas au rendez-vous ? Que c’est de notre faute ?
Si le gouvernement tarde à prendre la décision, c’est probablement dans l’espoir d’une amélioration spontanée de la situation. Le président compte sur la Baraka qui permet à la France de ne pas être actuellement aussi touchée que ses voisins européens sans que l’on sache exactement pourquoi. Il s’accroche au dogme qui voudrait que nos écoles pourraient rester ouvertes alors que les autres pays doivent les maintenir fermées, au motif que le virus n’y circulerait pas plus qu’en milieu familial, une affirmation invérifiable dans l’état actuel de la science, mais suffisamment commode pour qu’on la soutienne mordicus. Peut-être s’agit-il également de brandir un épouvantail extrêmement dissuasif pour faire passer une pilule un peu moins amère en ayant l’air de faire un cadeau aux Français. Après avoir préparé les esprits à subir le pire, le président espèrerait passer pour compréhensif et généreux, proche des Français, quand les sondages ne sont pas fameux et que la réélection reste une priorité non écrite. Si les Français doivent se cloîtrer une nouvelle fois, en profiteront-ils pour danser le « kolé séré » ? et doit-on s’attendre à un 4e confinement sur le modèle du « coupé-décalé » ? Ou alors le mouvement de ras-le-bol qui s’amorce déjà entraînera-t-il mécaniquement un état de siège et des mesures autoritaires ? Le pouvoir ne s’interdit visiblement aucune option.