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Le dessous des cartes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 10 octobre 2020 10:34
- Écrit par Claude Séné
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Après le « silence radio » que j’évoquais ici même mercredi dernier sur la libération prochaine de Sophie Pétronin, Française détenue en otage au Mali, c’est le tintamarre médiatique qui s’est installé sur toutes les antennes, y compris celles qui s’étaient bien gardées de dire quoi que ce soit jusque-là. Quant aux autorités françaises, elles n’ont fait leur réapparition qu’une fois l’humanitaire rapatriée sur le sol français, et encore, le président de la République et le ministre des Affaires étrangères se sont contentés de faire acte de présence, sans prendre la parole.
On comprend assez mal une telle discrétion de la part de dirigeants d’ordinaire si prompts à s’attribuer le mérite de n’importe quel évènement positif. Elle ne peut s’expliquer à mon avis que par l’embarras de la diplomatie française qui semble n’avoir joué de rôle dans cette affaire que celui d’ouvrier de la 25e heure, en venant greffer la libération de Sophie Pétronin à une négociation organisée pour récupérer Soumaïla Cissé, personnalité politique malienne de premier plan, et deux ressortissants italiens, pour lesquels leur gouvernement semble avoir été plus actif. C’est donc le gouvernement militaire provisoire malien qui semble avoir été effectivement à la manœuvre, et il aura probablement été nécessaire d’obtenir la médiation algérienne, sans laquelle rien ne se fait au nord Mali, la région que la force Barkane est supposée contrôler. Autant d’éléments officieux que le président français ne pouvait pas aborder dans des remerciements. Il s’est donc contenté d’un service minimum en publiant un message laconique sur le réseau favori de Donald Trump.
Au-delà de la récupération politique que l’on observe à chaque libération d’otages français, l’Élysée a peut-être pris ombrage du message ambigu dû à la libération de plus de 200 combattants djihadistes en échange de la liberté pour les 4 otages, ainsi que des déclarations de Sophie Pétronin elle-même, refusant de condamner ses anciens geôliers. La militante humanitaire, qui vit au Mali depuis une vingtaine d’années, et qui a supporté remarquablement l’épreuve de la captivité, s’est d’ailleurs convertie à l’Islam et considère le groupe qui l’a enlevée comme des opposants au régime de Bamako, plus que comme des membres d’Al Qaïda au Maghreb islamique, auquel ils ont pourtant fait allégeance. Elle aurait été bien traitée, et même suivie médicalement pendant ces près de 4 années de captivité. La France aura beau dire qu’elle « n’abandonne jamais ses ressortissants », on observe que les démarches sont plus ou moins assidues selon les cas, et dans celui de Sophie Pétronin, tout porte à croire que sans l’obstination de son fils et de ses proches qui ont rappelé sans relâche le gouvernement français à ses devoirs, l’humanitaire française serait toujours en captivité actuellement, et peut-être pour longtemps encore.
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