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Les affaires sont les affaires
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 10 avril 2020 10:25
- Écrit par Claude Séné
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La mise à l’arrêt forcée d’une grande partie de l’activité économique, en France comme dans le reste du monde, va entraîner une récession sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale. Des pans entiers sont déjà touchés et le gouvernement est contraint de doubler le budget pourtant colossal destiné à atténuer les effets de cette crise pour éviter un trop grand nombre de faillites et de dépôts de bilan. Entre parenthèses, tandis que les dirigeants jouent les généreux avec l’argent des Français, dont ils ne sont que les comptables, certains commencent à laisser entendre que la note sera présentée à la fin, quand il faudra rembourser les emprunts.
Si la plupart des marchés sont réduits au chômage technique, il en est un qui est en forte expansion, et c’est le plus horrifiant qui soit, celui de la mort. Alors ce n’est pas nouveau que des entreprises se sont spécialisées dans ce domaine et font du profit sur le deuil. Certaines en abusent en profitant de l’état de fragilité affective éprouvée par les familles en commercialisant des cérémonies inutilement fastueuses. Cependant, l’épidémie de covid-19 a changé la donne dans les régions en grande tension. Si bien qu’il a fallu que l’état réquisitionne un entrepôt dans l’enceinte du Marché d’intérêt national de Rungis pour y organiser une chambre funéraire provisoire, destinée à recevoir les corps des victimes et permettre aux familles de s’y recueillir une dernière fois. Et c’est là que le bât blesse. Une famille pourra devoir payer 55 euros par jour, soit jusqu’à 250 euros pour certaines, tout en ne pouvant rester près de son défunt que 20 minutes au lieu d’une heure promise par l’entreprise privée chargée de l’organisation des obsèques.
Le MIN, réquisitionné, ne perçoit pas un centime sur cette somme. Pour se justifier, la société gestionnaire de cette morgue improvisée évoque des frais de pose de moquette, de fleurs et de plantes grasses, ainsi que le salaire des employés sur place. Un « client » interviewé sur BFMTV a fait un calcul rapide qui démontre que ce marché de la mort est très rentable. Le ministre de l’Intérieur, qui a été saisi de cette affaire, a diligenté une enquête aboutissant visiblement au même constat, mais sa conclusion est pour le moins inattendue : c’est l’état qui aidera les familles à régler la facture. Une maigre consolation pour des proches qui sont déjà dans la douleur de perdre un des membres de leur famille, dans des circonstances dramatiques, encore plus éprouvantes que d’autres, et qui n’ont pas la possibilité, pour des raisons sanitaires, d’accomplir les rites qui permettent de surmonter la perte d’un être cher.
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