La monarchie républicaine

Elle a été évoquée à plusieurs reprises au cours de la cinquième république, et ce, depuis sa fondation, avec comme chef de file le général de Gaulle, dont l’exercice solitaire du pouvoir renforçait cette impression. Le Canard enchaîné avait même créé une rubrique régulière pour relater les faits et gestes des flatteurs, intitulée « la cour ». De ce point de vue, les choses n’ont guère changé, si ce n’est que nous avons troqué un personnage historique, malgré tous ses défauts, pour un petit monsieur imbu de sa personne, propulsé par des vents improbables au sommet de l’état.

L’épisode récent d’un scandale frappant un des proches du président, un de ses fidèles de la première heure, me fait dire que nous sommes désormais dans une république de « branleurs », si vous me passez l’expression, dirigée par Freluquet Premier, qui veut tout bouffer et ne contrôle rien. À propos de Benjamin Griveaux, Serge July a émis un jugement définitif dont je lui laisse la paternité, en déclarant que c’était un con. La formule est un peu abrupte, mais elle a le mérite d’être claire. Dans le langage présidentiel, qui a comme caractéristique principale d’être à la fois pédant et suranné, on aurait pu lui attribuer le sobriquet plus recherché de paltoquet, qui désigne un homme prétentieux et insolent, auquel on associe parfois également le jean-foutre. Ou encore celui de foutriquet, cet homme insignifiant et incapable, dont il me semble également un excellent prototype. Alors que les rangs des courtisans s’éclaircissent de jour en jour au fur et à mesure de la révélation de leurs insuffisances ou de leurs turpitudes, le pouvoir démontre son incapacité à faire émerger de nouveaux talents. Le réservoir de la nation start-up semble bel et bien asséché en un peu plus de deux ans. Et ce n’est pas le manque de considération pour ne pas dire le mépris envers la valetaille parlementaire de la République en marche, véritable chair à canon des incohérences gouvernementales, qui sera de nature à susciter de nouvelles vocations.

Tout se passe comme si les Français, de présidentielles en présidentielles, s’emballaient fugacement en faveur d’un nouvel homme providentiel pour s’apercevoir très rapidement que leurs espoirs seraient à nouveau déçus. La traduction de cet état de fait, c’est la difficulté de se faire réélire après un mandat, pourtant raccourci à 5 ans. Comme Hollande ou Sarkozy, Macron aura bien du mal, ne serait-ce qu’à se représenter, après avoir accumulé les rancœurs et les rancunes, avoir suscité tant de détestation et de haine, tout en décevant beaucoup de ses partisans. Il pourrait bien n’être, à son tour, qu’une parenthèse désenchantée dans une Histoire « dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ».

Commentaires  

#1 jacotte86 20-02-2020 12:11
plus dur sera la chute
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