Je ne fais pas les nécros

C’est vrai quoi, qu’est-ce qu’ils ont tous à passer l’arme à gauche, en ce moment ? Ça doit être ça la vieillesse. On n’a pas l’impression de vieillir soi-même, mais les cercles se rétrécissent autour de soi. Je me rappelle cette remarque probablement imaginaire, mais qui pourrait être vraie : « elle a tellement vieilli qu’elle ne m’a pas reconnu ! » Donc, je ne fais pas les nécros, mais je ferai quand même une exception pour évoquer Graeme Allwright, dont on a appris le décès dimanche.

Je ne dirai pas que je l’ai connu, mais je l’ai cependant croisé à l’occasion d’un concert qu’il a donné avec Maxime Le Forestier au cours d’une tournée commencée au Palais des Sports à Paris en 1980. Cela fait donc 40 ans, et j’ai dû faire quelques recherches, merci, Google et Wikipédia, pour retrouver le contexte et suppléer ma mémoire défaillante. C’est là que je me dis que j’aurais dû faire comme les candidats de télé-réalité et écrire mes mémoires à 20 ans, pendant que mes souvenirs étaient encore frais. Je travaillais alors pour une association à Nantes, qui organisait le concert dans une grande salle omnisport pouvant accueillir 3 000 personnes et le but était clairement lucratif : il s’agissait de renflouer des finances précaires. Mais c’était aussi pour une bonne cause : les artistes donnaient leur cachet à une œuvre caritative, « Partage pour les enfants du Tiers-monde ».

Pendant l’après-midi, nous avons côtoyé les chanteurs. Très peu Maxime Le Forestier qui est resté se reposer dans sa loge, mais davantage Graeme Allwright, qui se baladait pieds nus dans la salle et jouait avec un enfant, que je croyais être son fils, mais ne pouvait en réalité être que sa dernière fille, Jeanne, qui avait 5 ans à l’époque. Ce n’était pas grand-chose, mais on sentait une grande complicité entre eux, et je pensais qu’une vie de bohème pouvait être compliquée pour les enfants. Son répertoire leur faisait d’ailleurs une place non négligeable avec des succès comme « Petit garçon » ou d’autres chansons moins connues, « Billy boy » ou « Qu’as-tu appris à l’école ». Il avait même enregistré avec Steve Waring, dont je possédais aussi un album pour enfants. En 1980, il était une énorme vedette, plus encore que Maxime Le Forestier qui avait subi une certaine éclipse après ses premiers succès. Comme beaucoup d’autres, c’est grâce à lui que j’avais découvert l’univers de Léonard Cohen, de Bob Dylan, de Woody Guthry, de Pete Seeger, de Peter Paul and Mary, et toute cette culture nord-américaine qu’il a su merveilleusement adapter. Sans compter ses propres textes, engagés et antimilitaristes, dont le fameux « Johnny », sur la guerre du Vietnam, que je connais encore par cœur. Mais, promis, juré, je ne fais pas les nécros.

Commentaires  

#1 jacotte86 18-02-2020 11:20
moi je l'ai rencontré a à la coupole de st Nazaire ou il a commencé son concert avec 2h de retard(il s'était endormi a l’hôtel!!!) mais son public a attendu patiemment son "heros""...ce fut un concert formidable! la presse ne lui a pas fait l'hommage qu'il méritait
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