Les paris stupides
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 1 février 2020 10:25
- Écrit par Claude Séné
Il y a presque deux mois jour pour jour, je me suis engagé dans un exercice périlleux consistant à pronostiquer un engagement éventuel du Premier ministre dans la campagne des municipales. Les plus fidèles d’entre vous s’en souviennent peut-être encore. Pour les autres, je les renvoie à la lecture de la chronique du 2 décembre 2019 intitulée « Maboul de cristal » qu’ils retrouveront ici. Mes talents divinatoires allaient être mis à rude épreuve, et, comme il est d’usage, la réalité a dépassé la fiction. J’allais donc avoir tort tout en ayant raison.
Enfin, raison sur un seul point. Édouard Philippe a bel et bien annoncé qu’il dirigerait la liste qui briguera la mairie du Havre, tout en précisant immédiatement qu’il n’occuperait pas le poste s’il était élu, pour respecter la règle de non-cumul des fonctions exécutives. Mon pari était que le président profiterait de l’occasion pour le remplacer à Matignon, utilisant ainsi la fonction traditionnelle de fusible du Premier ministre. Il faut croire qu’Emmanuel Macron est sourd et aveugle à toutes les manifestations de mécontentement qui ont agité le pays depuis son accession au pouvoir et qu’il préfère s’entêter dans des erreurs manifestes plutôt que de tenir le moindre compte des préoccupations de ses concitoyens.
Je dois le reconnaître humblement, je n’avais pas envisagé qu’Édouard Philippe aurait le culot de se présenter au poste de Maire sans vouloir exercer le mandat, ou alors, plus tard, quand il serait relevé de ses fonctions dans un avenir totalement incertain. Cela illustre bien une certaine conception de la démocratie : il faudrait que les électeurs lui votent une confiance aveugle dont il disposera à son gré en fonction des circonstances. Cela s’appelle un chèque en blanc, ce que je déconseille formellement de signer à tout électeur, du Havre ou d’ailleurs. La confiance c’est bien, mais point trop n’en faut. Alors que le Premier ministre est empêtré dans une réforme des retraites dont plus personne ou presque ne veut, on a la très nette impression qu’il se prépare à la sienne en se mettant bien au chaud et à l’abri et en s’aménageant un petit nid douillet pour ses vieux jours personnels. Imagine-t-on un instant un employé qui se ferait embaucher par une entreprise pour occuper éventuellement ses fonctions dans un avenir hypothétique ? Reste une dernière question. Comment compte-t-il mener campagne ? Ses fonctions sont-elles donc si peu contraignantes qu’il puisse aisément caser des meetings et tout ce qu’ils impliquent dans son agenda ? On hésite entre le foutage de gueule et l’escroquerie pour qualifier une telle démarche où la démocratie n’est convoquée que pour mieux la bafouer.
Commentaires
on avait pas pensé à çà... pourtant l'exemple Gerard Colomb aurait du nous alerter!!!