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Confidence pour confidence
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 25 janvier 2020 10:27
- Écrit par Claude Séné
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Confidences était un journal de la presse dite du cœur, fondé dans les années 1937 ou 38, basé sur les potins et les histoires « vraies » de ceux que nous appelons désormais les people. C’est Pierre Desproges, je crois, qui disait de lui : « Confidences, le seul journal qui ne tache pas le poisson », pour souligner le fait qu’il était beaucoup lu par les harengères qui s’en servaient ensuite sur le marché. Avec d’autres titres de la presse à scandale, il va paraitre jusqu’en 1986 et distraire le bon peuple de ses préoccupations terre à terre.
Alors quand j’ai entendu qu’Emmanuel Macron avait fait des confidences dans l’avion qui le ramenait de son voyage à Jérusalem, je me suis cru revenu au bon vieux temps des indiscrétions sur les grands de ce monde, sur les monarques républicains qui faisaient l’aumône de leurs réflexions pleines de hauteur aux malheureux plébéiens émerveillés, par le truchement de quelques journalistes bien en cour. En l’occurrence, les privilégiés avaient pour nom le Monde, le Figaro, et Radio J, une radio communautaire des Juifs de France. Et qu’apprends-je ? Que le chef de l’état est ulcéré par les procès en dictature qui lui seraient faits par de mystérieux opposants de mauvaise foi qu’il se refuse prudemment à nommer tout en invitant à regarder du côté de la France Insoumise. À l’appui de son indignation, il trace une frontière, à la manière des joueurs de belote, pour délimiter, d’une part, Eux, les méchants calomniateurs, et d’autre part, Nous, les démocrates sincères, seuls dépositaires de la vérité.
Le monde selon Macron est simple comme bonjour. Les vilains dictateurs, les vrais, sont ceux qui décident tout seuls sans tenir compte des aspirations du peuple, tandis que les tenants de la démocratie ont été désignés une fois pour toutes pour mettre en œuvre l’idée qu’ils se font du bonheur des peuples. De Gaulle appelait ça « moi ou le chaos », ce qui avait le mérite de la franchise à défaut de l’honnêteté intellectuelle. Alors, confidence pour confidence, d’accord, Macron n’est ni Hitler ni Pinochet. D’accord, l’état de siège n’a pas été décrété. D’accord, toutes les libertés individuelles ne sont pas encore abolies. Mais ! Mais le président fait passer ses prétendues réformes à marches forcées en tordant le bras à ses opposants et même parfois à ses partisans. Et il compte bien continuer malgré les 61 % de Français qui ne comprennent rien au projet de réforme des retraites et le rejettent. Macron est quand même le premier président français à s’appuyer sur une minorité silencieuse pour faire ses quatre volontés. Son attitude illustre parfaitement les paroles de la chanson de Jean Schultheis en 1981 : « confidence pour confidence, c’est moi que j’aime à travers vous ».