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Bien fait pour toi ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 23 janvier 2020 10:50
- Écrit par Claude Séné
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Vous savez, dans les cours de récré, quand on en veut à un autre enfant et qu’il s’étale malencontreusement et par pur hasard, n’est-on pas tenté de s’exclamer qu’au fond, c’est bien fait pour lui, voire qu’il l’a bien cherché ? C’est à peu près le niveau des réactions à un certain nombre d’incidents récents dans lesquels se sont trouvés impliqués ceux que l’on a l’habitude d’appeler les forces de l’ordre. En voici un récapitulatif non exhaustif.
Le plus récent, c’est celui d’un homme frappé à terre à plusieurs reprises par un policier alors qu’il est déjà immobilisé et visiblement hors d’état de troubler l’ordre public. Plusieurs vidéos prises sous des angles différents en attestent. Le cas est tellement indéfendable, malgré la plainte déposée par le groupe de policiers concernés, que le responsable de leur syndicat en est réduit à invoquer les dures conditions de l’exercice difficile du métier, la pression due aux horaires à rallonge, et dans le cas d’espèce, au fait que le manifestant avait craché au visage du policier le sang qu’il avait dans la bouche en prétendant être atteint du SIDA. En somme, si le policier a perdu ses nerfs, c’est bien de sa faute. Aller affirmer une chose pareille, alors que chacun sait, sauf les policiers, que le VIH ne se transmet pas par la salive…
Tout est bon pour disqualifier les victimes des violences policières qui écorchent tant la bouche de nos responsables politiques. Une « fuite » savamment organisée a révélé que Cédric Chauviat, le livreur tué pendant son interpellation musclée, devait à l’état de fortes amendes pour des contraventions et avait perdu son permis de conduire. Comme si cela justifiait en quoi que ce soit les méthodes controversées de la police. De la même façon, la personnalité du journaliste « coupable » d’avoir signalé sur Twitter la présence du président au théâtre des Bouffes du Nord a été détaillée dans la presse, je suppose pour le discréditer et trouver a posteriori un prétexte pour le rendre responsable des quelques manifestations, huées et quolibets destinés au chef de l’état. Que Taha Bouhafs ait ou non sa carte de presse, qu’il soit militant plutôt de gauche, un temps proche de la France insoumise, ne fait pas de lui un délinquant et ne l’empêche pas d’avoir le droit de s’exprimer dans le cadre des lois de la république. Le degré de tension atteint par notre société depuis quelques mois est inquiétant. N’importe quelle situation banale dite de maintien de l’ordre peut déraper à tout moment. Nous sommes dans l’illustration parfaite du dialogue de sourds où l’un s’exclame : « tu me fais mal » tandis que l’autre répond : « c’est de ta faute ». Ça peut durer longtemps, mais pas sans casse.