Grenouillades

« Les grenouilles qui demandent un roi »

Les Grenouilles, se lassant
De l’état Démocratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soumit au pouvoir Monarchique.
Il leur tomba du Ciel un Roi tout pacifique :

Ce Roi fit toutefois un tel bruit en tombant
Que la gent marécageuse,
Gent fort sotte et fort peureuse,
S’alla cacher sous les eaux,
Dans les joncs, dans les roseaux,
Dans les trous du marécage,
Sans oser de longtemps regarder au visage
Celui qu’elles croyaient être un géant nouveau ;
Or c’était un Soliveau,
De qui la gravité fit peur à la première…
Elle approcha, mais en tremblant.
Une autre la suivit, une autre en fit autant,…
Et leur troupe à la fin se rendit familière
Jusqu’à sauter sur l’épaule du Roi.
Le bon Sire le souffre, et se tient toujours coi.
Jupin en a bientôt la cervelle rompue.
Donnez-nous, dit ce peuple, un Roi qui se remue.
Le Monarque des Dieux leur envoie une Grue,
Qui les croque, qui les tue,
Qui les gobe à son plaisir,
Et Grenouilles de se plaindre ;
Et Jupin de leur dire : Eh quoi ! votre désir
À ses lois croit-il nous astreindre ?
Vous avez dû premièrement
Garder votre Gouvernement ;
Mais, ne l’ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier roi fût débonnaire et doux :
De celui-ci contentez-vous,
De peur d’en rencontrer un pire.

Voilà une peinture peu élogieuse du comportement du peuple dont on saisit la peur, la sottise, l’instinct grégaire, la versatilité, comme s’il ne savait jamais ce qu’il veut.

Il faut bien reconnaître que cela est toujours d’actualité, on a peine à croire comment un électorat traditionnellement de gauche, peut donner ses voix à l’extrême droite…

Tout comme on peut reconnaître d’actualité la déception et la lassitude d’un peuple face à l’immobilisme d’un gouvernement dont il attendait innovation et dynamisme, ceci expliquant cela. Si le gouvernement Hollande avait tenu ses engagements, Macron ne serait sans doute pas au pouvoir, et à son tour il n’y restera sûrement pas, au nom de cette même versatilité de l’électorat. Ce dernier se laissant séduire par les promesses des mouvements populistes, qui une fois au pouvoir se transformeront vite en grue prête à dévorer le bon peuple.

Ne retenons pas de cette fable qu’il faut se contenter de ce que l’on a, pour cela je m’inscris en faux avec La Fontaine, mais bien qu’à ne pas savoir ce que l’on veut, on peut rencontrer pire que ce que l’on a !

Plus que par une morale personnelle je terminerai par une question : comment redonner confiance, certitudes et convictions à un peuple désabusé pour qu’il fasse le meilleur choix politique pour lui, refusant ainsi de jouer les grenouilles ?

L’invitée du dimanche