Chronique d’une mort annoncée

Je suis désolé de plomber l’ambiance en un jour qui devrait être la fête des Travailleurs, et non celle du travail comme on le croit à tort, en tout cas en France, où elle a été instaurée à l’origine pour réclamer la journée de 8 heures. Ce jour férié et chômé, qui devrait être placé sous le signe de la concorde et de la solidarité entre tous les travailleurs, celui où l’on s’offre traditionnellement le brin de muguet porte-bonheur, surtout s’il porte 13 clochettes, n’est plus un rendez-vous unitaire depuis de nombreuses années.

Cette année, la coïncidence avec les mouvements sociaux et la fronde des gilets jaunes en fait une journée de tous les dangers. Des informations concordantes remontent de toute part pour signaler un climat de colère, voire d’exaspération, dont pourraient profiter les « blacks blocs » pour commettre des dégradations de grande ampleur, notamment à Paris. Contrairement au 1er décembre dernier, les autorités ne pourront pas invoquer un effet de surprise pour justifier l’inaction des forces de l’ordre. De là à programmer des interventions « musclées » et multiplier l’usage des armes potentiellement létales ne peut qu’aboutir à la catastrophe : le premier mort dans un conflit social qui s’éternise, faute de prise en compte sérieuse des revendications des protestataires.

1000 à 2000 casseurs en provenance des régions, mais aussi de l’étranger, sont attendus à Paris ce mercredi. Ils seront face à 7400 policiers et gendarmes, dont les instructions seront d’aller « au contact », avec tous les risques que cela comporte. La situation est donc déjà explosive, mais ce n’est pas suffisant aux yeux de certains boutefeux, au premier rang desquels on peut compter le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, dont le discours belliqueux tente de faire oublier son incapacité à gérer les évènements liés à la contestation des dernières semaines.

Mais une sorte de sommet dans la bêtise et l’arrogance a été atteint par Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du Raid et ci-devant député de la République en marche. Invité sur le plateau de C à vous, après une longue séquence de dégustation de la soupe servie par les journalistes de service, il a demandé publiquement à ce que l’on « oublie l’affaire Malik Oussekine », cet étudiant tué par les « voltigeurs » de Pandraud et Pasqua en 1986 à la suite des manifestations contre la loi Devaquet. Je suis désolé, mais cette déclaration scandaleuse semble être, sinon un appel au crime d’État, au moins une forme d’absolution préventive pour toutes les bavures auxquelles il semble s’attendre. Les mutilations ne lui suffisent plus, il veut des morts, et il pourrait bien en avoir. Ce type déshonore la profession de député et son groupe devrait l’exclure sur-le-champ.

Commentaires  

#2 lanaud 03-05-2019 13:45
comme disait françois mitterand en parlant du centre.....lrem n est ni a gauche....ni a gauche
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#1 jacqueline.masse305@ 01-05-2019 11:22
ça mériterait une pétition pour demander plus que son renvoi des LRM mais une poursuite pour incitation au crime.
ce parti va devoir faire le ménage s'il veut garder un peu de crédibilité "ni droite ni gauche" mon œil!!!
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