La lézarde

Il aura fallu que la télévision montre la largeur de la lézarde dans le mur de son appartement, dans laquelle on pouvait presque introduire la main, pour que cette locataire puisse enfin être relogée, malgré les assurances d’une société spécialisée affirmant qu’il n’y avait pas de risque immédiat d’effondrement de l’immeuble, comme celui qui a coûté la vie à 8 personnes à Marseille dernièrement. Soit dit en passant, l’attitude de Monsieur Gaudin, maire de la cité phocéenne, est proprement stupéfiante, puisqu’il a observé un mois entier de silence avant de demander à son conseil municipal d’en faire autant pendant une minute au début de sa dernière séance.

Ce détour pour vous dire qu’il est souvent nécessaire de prêter attention aux petits signes avant-coureurs, des signes « discrets » ou « à faible bruit » comme on a pris l’habitude de les décrire dans la novlangue, qui à défaut de mieux traiter les problèmes, permet de leur donner de jolis noms chrétiens dans l’espoir de les exorciser. Pour l’instant, on ne peut pas encore parler de lézarde dans la majorité présidentielle. Tout au plus de fêlure. Une première alerte s’est produite cet été lorsque la députée LREM de la Marne a commis le péché de lèse-majesté en votant contre le projet de loi Asile et immigration, présenté par le gouvernement qu’elle est supposée soutenir en toutes circonstances, y compris contre ses propres convictions. Aina Kuric avait alors échappé de justesse à une exclusion, tandis qu’un de ses collègues dans la même situation avait préféré devancer la sanction en première lecture en démissionnant de lui-même du groupe LREM. Sébastien Nadot, député de Haute-Garonne, savait donc à quoi il s’exposait en refusant de voter le budget 2019, et n’aura pas été surpris de se voir radié du groupe parlementaire LREM à l’Assemblée nationale. Sans cette discipline de fer imposée par le parti, il est probable que nombre de ses collègues, confrontés au terrain qui fait remonter l’insatisfaction des Français, se seraient joints à lui ou se seraient abstenus.

Curieusement, il ne semble pas à l’ordre du jour de statuer sur le sort de Joachim Son-Forget, député LREM des Français de l’étranger qui se permet des attaques sexistes contre Esther Benbassa, sénatrice écologiste, qui a eu l’outrecuidance de critiquer une déclaration de Brigitte Macron à propos des gilets jaunes, taxés de violence et de vulgarité. Si Mme Benbassa a utilisé un langage courtois, Monsieur Son-Forget l’a attaquée sur son « pot de maquillage », dont on ne voit pas très bien ce qu’il vient faire dans la discussion. Il n’a écopé pour l’instant que d’un simple rappel à l’ordre dont il a superbement fait fi, défiant ses collègues d’aller plus loin. On voit par-là les conséquences d’accorder l’investiture à de parfaits néophytes dont on ignore à peu près tout des convictions. Tôt ou tard, la fêlure s’agrandira, jusqu’à la lézarde, et qui sait, la chute.

Commentaires  

#1 jacotte86 27-12-2018 14:07
on attend ao attend
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