Benalla : le retour

Vous avez aimé les premiers épisodes du feuilleton Alexandre Benalla, vous allez adorer la deuxième saison, qui s’annonce tout aussi palpitante que la première. « Previously » : vous vous rappelez certainement du point de départ avec cette vidéo, opportunément retrouvée, dans laquelle le Monsieur Sécurité du Président de la République, accompagné d’un employé de la République en marche, faisait le coup de poing pour « aider » les forces de police à matraquer des manifestants le jour du premier mai. La commission parlementaire des députés avait tourné court, grâce à sa coprésidente, toute dévouée à la cause d’Emmanuel Macron.

Vacances parlementaires obligent, la commission sénatoriale avait dû interrompre ses travaux avant d’avoir entendu le principal intéressé, mis en examen entre-temps. Comme on le sait, l’opposition de droite est majoritaire au Sénat et n’entend pas renoncer à son droit d’enquête parlementaire. Elle est rejointe en cela par les autres partis d’opposition. C’est ainsi que Monsieur Benalla, comme tout citoyen français est susceptible de l’être, sera convoqué par la commission en vue de s’expliquer. Après avoir annoncé qu’il ne se rendrait pas à la convocation, il a finalement décidé d’obtempérer tout en y mettant ses conditions, et en se permettant une charge virulente contre les sénateurs, qu’il n’hésite pas à traiter de petits marquis, en affirmant ne pas les respecter ! Mais pour qui se prend-il ? Le soutien affiché du président Macron, qui a reconnu du bout des lèvres une simple erreur de sa part, lui serait-il monté à la tête ? Apparemment oui.

Si l’on examine d’un peu plus près la déclaration d’Alexandre Benalla faite pour France Inter, on peut y observer un phénomène psychologique bien connu qui consiste à attribuer à autrui des comportements que l’on n’assume pas chez soi. Il déclare : « Il y a des gens qui se sentent au-dessus des lois » en parlant des sénateurs. Plus loin, il indique : « Ce sont des petites personnes qui n’ont aucun droit, et aucun respect pour la République française et la démocratie ». Pile-poil ce qu’il est en train de faire, non ? Par ailleurs, et selon une formule soufflée par ses avocats et jusqu’à la ministre de la Justice, bien mal inspirée par son désir de flagornerie du président, Alexandre Benalla invoque la séparation des pouvoirs pour éviter de répondre à certaines questions embarrassantes sur son attitude le premier mai. Il s’agit là d’un contresens volontaire sur une interprétation des idées de Montesquieu. Ce sont les pouvoirs législatifs et judiciaires qu’il faut protéger de la prééminence du pouvoir exécutif et non l’inverse. Et dans cette affaire, comme dans beaucoup d’autres, l’exécutif ne se prive pas d’influencer le plus possible les enquêtes en cours. Suite au prochain numéro.