Pas assez cher mon fils
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 11 septembre 2018 09:08
- Écrit par Claude Séné
C’était une publicité dont vous vous souvenez peut-être, dans laquelle un émir saoudien ou qatari déconseillait à son fils l’acquisition d’une Clio, bien qu’elle soit parfaite sous tous rapports, au motif qu’elle était vendue beaucoup trop bon marché. J’ai l’impression que la nouvelle offensive contre l’homéopathie à laquelle nous assistons en ce moment relève du même principe. Les petits tubes de granules, support habituel de cette forme de médication, ne coûtent que quelques euros et donnent donc une mauvaise image de la médecine traditionnelle, dont les médicaments n’ont pas de limite supérieure quant à leur prix.
Les arguments à l’encontre de la médecine homéopathique sont toujours les mêmes : elle n’aurait pas fait la preuve scientifique de son efficacité, et ses effets positifs seraient dus à la conviction du patient avec le fameux « effet placebo ». Un argumentaire ignorant volontairement les résultats obtenus avec les animaux ou les enfants, soignés à l’insu de leur plein gré parfois. Malgré toutes ces attaques en règle qui se sont intensifiées depuis qu’Agnès Buzyn est ministre de la Santé, les Français sont nombreux à faire confiance à cette médecine, pratiquée par des professionnels tout à fait compétents et spécialisés dans leur discipline, qui n’ont rien à envier à leurs collègues allopathes. Leur motivation, à ces Français ayant recours aux médecines dites douces ou naturelles, c’est bien sûr d’éviter les effets secondaires dus à certains médicaments, de pouvoir essayer un traitement moins agressif en déboursant peu d’argent, quitte à passer à l’allopathie si ça ne fonctionne pas.
Devant la virulence des critiques, j’ai imaginé que la Sécurité sociale essayait pour la énième fois de trouver une source d’économie en ne remboursant plus les médicaments homéopathiques. Même pas. La part de ces remboursements dans le budget annuel de la Sécu n’est que de 55 millions d’euros. Une misère si on la compare au déficit chronique, le fameux « trou » de plusieurs milliards, sur un budget global annuel de 336 milliards d’euros, pour le seul régime général. Quant aux intérêts économiques en jeu, même s’ils ne sont pas totalement négligeables, ce sont aussi des laboratoires pharmaceutiques qui en tirent le plus grand profit. L’expérience montre que ce n’est pas le fait d’être partiellement remboursés à hauteur de 30 % qui pèse dans la décision des patients de choisir l’homéopathie. Force est donc de constater qu’il s’agit avant tout d’idéologie. Il y a un fort courant scientiste dans le milieu de la médecine, qui a tendance à rejeter tout ce qu’elle ne sait pas expliquer, et la ministre, médecin elle-même, ne semble pas y échapper. Pour ces intégristes affublés d’œillères, le statu quo semble intolérable. Plus que le déremboursement, ils voudraient empêcher les médecins félons d’exercer ce qu’ils appellent du charlatanisme. Nous ne sommes pas loin du procès en sorcellerie et du bûcher.